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Le Tchad rejette un rapport critique sur l’armée

Blaise Dariustone
25 janvier 2021

L'International crisis group souligne des disparités au sein de l'armée qui constitueraient un risque pour la stabilité du pays.

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ICG constate un manque de restructuration réelle des forces de défense et de sécurité
ICG constate un manque de restructuration réelle des forces de défense et de sécurité Image : AFP/A. Marte

Dans ce rapport de plus de 40 pages l’International crisis group (ICG) souligne l’absence de méritocratie au sein de l’armée tchadienne.

Mais aussi, selon lui, le fossé qui existe entre les troupes d’élite, dirigées par des membres de la communauté du président, qui sont mieux formées, mieux équipées et mieux rémunérées, et le reste des militaires, moins considérés par le pouvoir.

Une situation qui provoquerait un fort sentiment d’injustice et la frustration de nombreux soldats.

Lire aussi → Au Tchad, l'armée est-elle nationale?

Le rapport affirme également que dans les zones où l’insécurité est forte, comme dans la province du lac Tchad, l’armée est perçue comme un pourvoyeur de sécurité.

Une armée intrusive

Mais dans d’autres régions, au sud, elle est en revanche souvent considérée comme intrusive. Les abus fréquents et les cas de corruption, l’impunité de certains soldats proches du pouvoir dégradent son image, toujours selon l’ICG.

Enfin, le rapport prévient qu’à court terme, l’élection présidentielle prévue en avril 2021 pourrait se dérouler dans un climat social tendu et mettre à l’épreuve les forces de sécurité.

ICG dénonce l'impunité de certains soldats proches du pouvoir

A moyen terme, beaucoup de Tchadiens et de diplomates sont inquiets des risques d’une crise de succession violente le jour où le président, dont la santé fait l’objet de spéculations récurrentes, quittera le pouvoir. 

Lire aussi → Tchad : une attaque, un deuil national et beaucoup de questions

Renforcer la cohésion de l’armée

C’est pourquoi l’International crisis group invite les autorités tchadiennes à rendre l’armée plus représentative de la population et renforcer sa cohésion interne.

Des critiques et des conseils rejetés en bloc par le ministre tchadien de la Défense, Mahamat Abali Salah.

"Il s’agit plutôt d’un rapport tronqué, partial et tendancieux dont le seul objectif apparent est de relayer et accréditer les éléments de langages développés régulièrement depuis plusieurs années par une certaine opposition politique ou par des groupes armés mercenaires", fait savoir le ministre.

Selon Mahamat Abali Salah, "Les prétendus témoignages recueillis au Tchad, cités de façon vague et sans aucune précision, enlèvent toute crédibilité. Les faiblesses de ce rapport tant dans la forme que sur le fond sont nombreuses. L’époque ou l’étranger changeait la réalité d’un pays par un discours propagandiste et condescendant est définitivement révolue. L’Afrique n’a pas de leçon à recevoir de l’International crisis group."

Le débat sur le caractère clanique de l’armée nationale tchadienne ne date pas d’aujourd’hui. Beaucoup de Tchadiens se souviennent de la sortie médiatique courant décembre de Yacine Abdrahmane Sakine, président du Parti réformiste dénonçant le népotisme au sein de cette armée.

Une déclaration qui a valu à son parti une suspension de ses activités pour une durée de trois mois par les autorités tchadiennes.