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Le sort des enfants nés du viol en RDC

Zanem Nety Zaidi
19 juin 2022

Ce dimanche 19 juin marque la Journée internationale pour l'élimination de la violence sexuelle en temps de conflits.

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Une femme enceinte au Kenya
Image : Monicah Mwangi/Reuters

En République démocratique du Congo, et plus précisément à l’est du pays, de nombreuses femmes sont victimes de violences sexuelles. Des viols qui débouchent parfois sur des naissances non désirées. Sans père, ces enfants grandissent bien souvent dans la misère.

Dans le centre d'encadrement des femmes vulnérables situé au quartier Ndosho, dans la ville de Goma, Ombeni Mukongo, 19 ans, tient son petit garçon par la main. Il est né à la suite du viol de sa mère, il y a deux ans, dans son village, à Masisi.

A (re)lire également → RDC : justice et réparation pour les victimes d'abus sexuels

Lorsque nous lui tendons notre micro, son visage se crispe et elle fond en larmes. "C'est vraiment triste, je ne sais pas par où commencer", raconte Ombeni.

Bernadette Kizito Munganga, leur encadreur, prend la parole à sa place : "Elle est venue de Masisi où elle a été violée pendant qu'elle était aux champs par des hommes vêtus en tenue militaire", raconte-t-elle. "Ils étaient sept hommes armés contre deux filles qui ne pouvaient rien faire. Un peu plus tard, elle s'est rendue dans un centre médical, on a trouvé qu'elle était enceinte. Elle souffre et n'a aucune assistance."

Besoin de réconfort

Le désespoir d’Ombeni Mukongo se lit sur son visage. Dans ce centre de soutien, elle bénéficie au moins d’un peu d’écoute et de réconfort et se sent moins seule. C’est ce qu'explique avec tristesse Muhimuzi la Willhermine. Elle enseigne la couture à Ombeni Mukongo. "Nous encadrons les filles dans la coupe et couture et les enfants orphelins dans l'éducation", ajoute Roger Amani, le directeur de ce centre qui encadre non seulement les femmes vulnérables mais héberge aussi les orphelins. Celles qui viennent chercher un peu de soutien avec leurs enfants viennent le plus souvent des territoires de Rutshuru et de Masisi. "Notre objectif est de les rendre autonomes afin qu'elles parviennent dans l'avenir à prendre elles même leurs dépenses en charge." 

"Beaucoup de grossesses résultent des violences sexuelles"

Impuissance des autorités

L'article quatorze de la loi du dix janvier 2009 portant sur la protection de l'enfant en RDC, oblige, en principe, les pouvoirs publics à prendre en charge les enfants vulnérables.

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Un article qui reste souvent lettre morte, fustige maître Dieumerci Munguakonkwa Safari, avocat au barreau de Goma "Les pouvoirs publics ont l'obligation d'assurer une protection aux enfants en situation difficile mais cela n'est pas fait. La plupart de ces enfants sont rejetés, ce sont eux qui sont marginalisés et se retrouvent dans la rue." Et l'avocat de dénoncer des pouvoir publics qui ne "prennent pas leurs responsabilités".