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Le projet constitutionnel divise les Maliens

Mahamadou Kane
20 mars 2023

Le projet de nouvelle loi fondamentale sera présenté ce lundi (20.03). par le président de la transition. Plusieurs articles ne font pas l'unanimité, notamment celui sur le maintien de la laïcité.

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Le président de la transition Assimi Goïta
Image : Präsidentschaft von Mali

Au Mali, les questions liées à la nouvelle Constitution et au référendum sur ce sujet continuent de diviser. Alors que le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a validé le texte de la future loi fondamentale en début de semaine dernière. Cependant, de nombreux Maliens critiquent le maintien du terme "laïcité" dans le nouveau texte. D’autres affirment aussi que la junte n’a pas la légitimité pour élaborer une nouvelle Constitution.

Pendant ce temps, le président de la transition souhaite que les membres du gouvernement diffusent et vulgarisent le contenu du nouveau texte qui devrait remplacer celui de 1992. Djiguiba Keita, du Parti pour la renaissance nationale (Parena) et de l’appel du 20 février pour sauver la patrie, dit s’inquiéter du manque de consensus autour du projet de nouvelle Constitution. Pour lui, la rupture est consommée.

Les explications du correspondant de la DW Mahamadou Kane

"Nous ne sommes ni pour le référendum, ni pour le projet de Constitution. Nous en appelons aux autorités de la transition pour écouter la voix du peuple", dit-il dansla matinale info de la DW ce lundi 20 mars. "Parce que lorsqu’on écoute les populations de Kayes à Kidal, des gens avertis qui ont le souci du pays, qui ont le souci de la paix pour ce pays, ceux-ci disent qu’il y a assez de dissensions, assez de fossés entre les citoyens maliens pour aller dans un schéma de projet de Constitution. Ça c’est sans aller dans les arguments juridiques qui contestent la légitimité de la transition à parler de révision constitutionnelle, a fortiori de nouvelle Constitution."

Retrait du projet de constitution

La ligue des imams exige de son côté le retrait du mot laïcité du projet de nouvelle Constitution. Pour la Limama, c’est le terme Etat multiconfessionnel qu’il faudrait utiliser.  

Mais pour Moctar Sy, du mouvement Génération engagée, une organisation de la société civile, la laïcité ne constituerait pas une menace pour les populations maliennes. 

"Pour nous, au niveau de la Génération engagée, ce principe est non négociable et doit être maintenu dans notre Constitution", explique-t-il. "La laïcité nous a permis de vivre en parfaite harmonie dans l’expression de nos religions et de nos différentes confessions. Ce n’est donc pas maintenant qu’il faudrait la changer ou la remplacer par un autre terme qui va entraîner des conséquences sur notre vivre-ensemble et notre stabilité, ou en tout cas qui va nous amener vers d’autres considérations", poursuit Moctar Sy au micro de la DW.

Pas prioritaire

L’élaboration d’une nouvelle Constitution figure parmi les recommandations des Assises nationales de la refondation, tenues en décembre 2022.Christian Klatt, représentant résident de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung, se basant sur les résultats du sondage Malimètre, affirme que les priorités des Maliens sont ailleurs. À l'en croire, "généralement, ce sont les questions de sécurité qui préoccupent les populations maliennes. Après les questions de sécurité alimentaire, la lutte contre la pauvreté et l’emploi des jeunes. Ce sont les quatre points les plus mentionnés par les populations. Ce sont des chiffres tirés des différents sondages de Malimètre, l’enquête d’opinion de la Fondation Friedrich Ebert réalisée depuis plus de dix ans."

Christian Klatt, le représentant résident de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung au Mali parle dans un micro
Christian Klatt, le représentant résident de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung au MaliImage : Friedrich-Ebert-Stiftung