Le poids du vote...

Les sauveteurs de l'euro ont donc accordé dix milliards d'argent public à un État microcospique européen, s'indigne la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Pourtant, ce genre d'aide n'est autorisée que si elle est impérativement nécessaire à la stabilité financière de la zone euro. Or, la plus grande banque chypriote est plus petite que certaines caisses d'épargne allemandes. Même la perspective des prochaines élections législatives en Allemagne, où les électeurs pourraient bien demander des comptes aux hommes politiques, n'a pas fait reculer les parlementaires.

Die Welt remarque : alors que l'on aurait pu craindre des débats houleux en raison d'une opinion publique peu encleinte à déverser des milliards de deniers publics dans des économies européennes mais moribondes, rien de tout cela. L'accord du parlement allemand à une confortable majorité a été voté avec les voix de l'opposition. Celle qui avant, pendant et après, ne cesse de reprocher au gouvernement des erreurs fondamentales en matière de gestion de cette crise. Quel paradoxe : voter pour, alors qu'on est contre !

Ici, le SPD n'a pas dérogé à ses habitudes, ironise la Süddeutsche Zeitung. De telles pirouettes s'expliquent uniquement par le fait que le SPD ne peut pas dire tout haut qu'il est, sur ce sujet, presque du même avis que les chrétiens-démocrates, surtout avant les élections législatives.

Le quotidien de Munich revient également sur l'échec essuyé par Barack Obama dans sa tentative de renforcer la législation américaine sur les ventes d'armes. C'est une défaite doublement amère. Pour le pays, qui devra affronter encore d'autres massacres comme celui de Newton en décembre dernier. Et pour le parlement américain qui, face à une tragédie d'ampleur nationale, s'est révélé incapable de dépasser les querelles partisanes et d'élaborer un compromis raisonnable. Le débat continue. Jusqu'au prochain massacre, lance le journal.

C'est de nouveau un témoignage de ce que die tageszeitung appelle « l'exception américano-américaine ». Malgré les événements de Newton, pas d'interdiction de vente des armes de guerre semi-automatiques, des chargeurs à grande capacité et pas de contrôles sérieux pour les ventes d'armes à feu. Cette absence de décision est inquiétante, car elle révèle un pays inquiet et coupé de certaines réalités. Un pays où la grande majorité des acteurs du pouvoir, que ce soit en politique ou dans les médias, préfèrent regarder vers le passé plutôt que vers l'avenir, conclut le quotidien de Berlin.