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Le Pacte européen pour la migration, victime du coronavirus

13 juin 2020

La réforme de la politique migratoire devait être une priorité de la nouvelle Commission européenne. Mais la crise sanitaire a bousculé les agendas.

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Des demandeurs d'asile en Grèce dans l'attente d'être relocalisés dans différents pays de l'UE
Des demandeurs d'asile en Grèce dans l'attente d'être relocalisés dans différents pays de l'UEImage : picture-alliance/dpa/S. Baltagiannis

C'était l'une des premières promesses d'Ursula Von der Leyen et de la nouvelle Commission européenne : proposer un nouveau pacte sur la migration et l'asile en 2020. 

En visite à Berlin, la nouvelle présidente de la Commission déclarait fin 2019 que l'Union européenne devait avoir pour objectif "de devenir un exemple dans la manière de gérer la migration de façon durable, humaine et efficace".

Six mois plus tard, aucun projet n'a encore été officiellement dévoilé.

La faute notamment à la pandémie de coronavirus qui a bousculé les priorités des Etats.

La faute aussi à un certain nombre de désaccords entre les membres de l'UE que les deux commissaires en charge du dossier doivent surmonter.

Désormais, on s'attend à ce qu'un texte soit soumis aux chefs d'Etat et de gouvernement d'ici la fin du mois de juin. Puis ce sera à l'Allemagne, qui prend la présidence tournante de l'Union européenne à partir du 1e juillet, de faire avancer le dossier. 

Fin mars, lors de l'élaboration de son programme pour la présidence, Berlin assurait vouloir "revoir les responsabilités et empêcher la surcharge pour certains Etats" en matière de migration, sachant que les pays du pourtour Méditerranéen ne veulent plus être les seuls responsables des migrants qui arrivent sur leurs côtes ou sont secourus en mer.

Brouillon confidentiel

Mais là aussi, la crise sanitaire et économique devrait forcer l'Allemagne à revoir l'ordre de son agenda. Fin mai, la chancelière allemande affirmait ainsi que la pandémie de coronavirus avait bousculé les ambitions de la présidence allemande.  

"La gestion de la crise est désormais au centre de toutes les attentions", a déclaré Angela Merkel. La bataille autour des aides financières et plans de relance économique de l'UE seront au cœur des débats à Bruxelles pendant les mois à venir.

A lire également :Les priorités de la présidence allemande de l'UE

Le journal français Le Monde, a pu lire le brouillon "confidentiel" de ce que la Commission européenne pourrait présenter d'ici fin juin. Il s'agit d'un texte d'une vingtaine de pages selon laquelle Bruxelles souhaite une "politique réaliste qui ne crée ni faux espoirs ni effets d'aspiration".

Le document présenterait l'immigration en partie comme une opportunité pour une Europe vieillissante et qui manque de main d'œuvre dans certains secteurs.

Les opérations de sauvetage menées par des ONG ont été rares pendant les restrictions liées à la Covid-19
Les opérations de sauvetage menées par des ONG ont été rares pendant les restrictions liées à la Covid-19Image : picture-alliance/dpa/AP/O. Calvo

Le journal cite trois piliers que la Commission veut proposer aux 27 : "des partenariats internationaux 'robustes' avec les pays d'origine ou de transit, des frontières extérieures mieux surveillées et des procédures plus efficaces et plus rapides."

Les pays du sud de l'Europe veulent de la solidarité

Car en attendant, la pandémie, si elle les a fortement réduites, n'a pas mis fin aux traversées de la Méditerranée ni même aux raisons qui poussent des milliers de personnes à prendre la route vers l'Europe. 

Des pays comme Malte, qui ont connu une très forte augmentation des arrivées de migrants au début de l'année, veulent une répartition de l'accueil entre les 27 et ce de façon systématique et non plus au cas par cas, lorsque le sort de personnes bloquées sur navire humanitaire fait la Une de l'actualité.

Car selon le système actuellement en vigueur, le règlement dit de Dublin, le traitement d'une demande d'asile revient au pays par lequel une personne est entrée dans l'Union européenne.

Pour tenter de débloquer la situation, l'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne avaient adressé en avril une lettre aux commissaires en charge d'élaborer le pacte sur la migration et l'asile.

Dans ce document, les ministres de l'Intérieur des quatre pays ont reconnu qu'"une poignée d'Etats membres porte un fardeau excessif". Ils estiment que la réforme "doit créer un mécanisme contraignant pour une distribution équitable". 

A voir quelle forme prendrait ce mécanisme, s'il s'agit de répartir l'accueil des personnes ou d'aides financières pour les pays les plus exposés aux arrivées. 

Les aides, ou à l’inverse les sanctions financières, pourraient permettre de convaincre certains pays comme la Hongrie ou la Pologne, qui refusent d'accueillir des étrangers en provenance d'un pays tiers.

Symbolbild I Journalismus
Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais