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Le G8 face à ses manifestants

Anne Le Touzé18 mai 2007

A moins de trois semaines du sommet du G8 à Heiligendamm, en Allemagne, la police allemande a décrété une interdiction de manifestation aux alentours de la grille de sécurité, dans un périmètre de 5 km autour du lieu du sommet. Une décision critiquée non seulement par les altermondialistes qui ont déposé une plainte devant les tribunaux, mais également par une bonne partie de la presse allemande.

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La police allemande est bien décidée à empêcher les manifestations anti-G8 .
La police allemande est bien décidée à empêcher les manifestations anti-G8 .Image : AP

Cette fois, le gouvernement va trop loin, s’indigne la Süddeutsche Zeitung. Les chefs d’Etat et de gouvernement vont être accueillis dans un univers aseptisé. Ni à leur arrivée à l’aéroport de Rostock, ni sur leur lieu de rencontre, ils ne risquent d’être confrontés à des manifestants. Ceci, estime le journal, ne correspond pas à la réalité allemande, dans laquelle les groupes critiques ont le droit d’exprimer leur désaccord par rapport à l’influence et à la politique des puissances industrielles. Cantonner la critique à la périphérie est un mauvais point pour le gouvernement allemand.

La Frankfurter Rundschau relève l’aspect juridique du problème. La Cour constitutionnelle a, dans le passé, jugé que les rassemblements en plein air étaient un atout de la démocratie. Selon le jugement Brokdorf, c’est même un outil particulièrement utile dans une démocratie représentative, qui empêche l’action politique de se commuer en routine figée. Or, avec un événement comme le G8, où l’état d’urgence est devenu routinier, cet atout prend toute son importance, estime la Frankfurter Rundschau.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung au contraire, la colère de plus en plus démonstrative à quelques jours du G8 prend des allures d’hystérie, à tel point que l’on pourrait penser que le contenu du sommet n’a en fait aucune importance. Quand on voit des groupes d’extrême-gauche revendiquer leur droit « pacifiste » à la « démocratie », des altermondialistes organiser des manifestations sur le modèle d’un chemin de croix, quand donc, on fait tant appel au sacré dans la mise en scène, on est en droit de penser, conclut la FAZ, qu’il ne s’agit là que d’un nouvel ersatz de religion.

La tageszeitung enfin, observe avec ironie que lorsque le G8 était encore une fête entre puissances occidentales, les chefs d’Etat osaient encore se rencontrer dans des métropoles comme Londres, Tokyo ou Cologne. Depuis que s’élèvent des critiques de plus en plus nombreuses et que tout le monde n’accepte plus que huit grands pays posent à eux seuls les jalons de l’économie mondiale et du développement, on est passé à la stratégie du repli : une petite île au large des Etats-Unis, une station de ski canadienne, un complexe de golf écossais et maintenant, Heiligendamm…