Le doute sur les biocarburants

L’année dernière, l’Union européenne a lancé les bases d’une politique énergétique commune en se fixant pour objectif d’utiliser 20% d’énergies renouvelables d’ici 2020, dont 10% de biocarburants. Mais depuis, la crise alimentaire est passée par là et les critiques se sont multipliées à l’encontre des biocarburants, accusés d’aggraver la pénurie des denrées alimentaires. Le résultat est une marche arrière du Parlement européen sur les biocarburants. Ainsi, les eurodéputés proposent de porter leur part non plus à 10% d’ici 2020 mais à 6%. Les 4% restant devant être assurés par des biocarburants dits de seconde génération. C’est-à-dire produits avec des végétaux qui ne servent pas à l’alimentation humaine.

La Suède, pour sa part, est un des pays les plus en pointe en Europe en matière de biocarburants. Les Suédois aiment rouler dans des grosses voitures qui consomment beaucoup et le choix des carburants végétaux s’est logiquement imposé pour réduire la facture d’essence. Ainsi, la firme Agroetanol exploite à Norrköping, au Sud du pays, la plus grande et la plus moderne bioraffinerie du pays. On y utilise principalement le blé comme matière première, qui est livré par les agriculteurs locaux. L’usine est en principe un énorme alambic, dans lequel sont distillés chaque année quelques 150 000 tonnes de céréales pour l’obtention de cet éthanol concentré. Cette usine est d’ailleurs en passe de devenir la plus grande d’Europe puisqu’une nouvelle centrale de production va ouvrir début octobre.

Un reportage de Agnès Bührig et Elisabeth Cadot.

A côté des biocarburants industriels (Diester, Ethanol), il existe une filière artisanale encore peu développée, celle des Huiles Végétales Pures (HVP), des huiles produites simplement à partir de graines de tournesol ou de colza, par exemple, par première pression à froid, comme de l'huile de salade. Reconnues comme biocarburants en 2003 au niveau européen, les HVP sont librement vendues et consommées en Allemagne, mais leur usage reste très strictement restreint et encadré en France. C'est une communauté de commune du sud ouest du pays qui depuis 2004 a joué les hors la loi en utilisant de l'huile de tournesol pour faire rouler ses camions poubelles, une première en France. L'Etat vient enfin de signer un protocole d'accord pour régulariser ce qui reste une expérimentation. Une expérience qui permet à la fois de générer des économies sur les carburants et développer une filière locale.

Reportage de Laurent Berthault à Villeneuve sur Lot...