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Le contrôle des médias, enjeu de taille en Côte d'Ivoire

17 décembre 2010

Les partisans d'Alassane Ouattara ont pour l'instant renoncé à prendre le contrôle de la RTI, la radiotélévision d'Etat, toujours aux mains du camp Gbagbo. Les médias sont un enjeu majeur dans la crise actuelle.

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La tentative avortée de jeudi a dégénéré en violences et s'est soldée par plusieurs dizaines de victimes. La RTI reste donc pour l'instant sous la coupe des partisans du président sortant.

Alors que les journaux proches de l'opposition ont été interdits de parution vendredi matin, la radiotélévision publique est depuis plusieurs décennies le porte-voix du pouvoir. Koné Lanciné, secrétaire-général de l'un des syndicats de l'audiovisuel ivoirien :

Elfenbeinküste Wahl Laurent Gbagbo
Laurent Gbagbo a besoin de la presse...Image : AP

« Depuis la mort de Houphouët-Boigny, tous les présidents sont venus à la télé pour annoncer aux Ivoiriens que désormais c'étaient eux qui gouvernaient. La télé est donc un maillon important pour la prise et la conservation du pouvoir en Côte d'Ivoire. Aujourd'hui si M. Gbagbo contrôle un tant soit peu la situation, c'est qu'il a encore le contrôle de la télévision d'Etat. »

Le ton se fait plus offensif, dans la presse nationale qui jette en ces temps de crise de l'huile sur le feu. D'où le musèlement des médias étrangers qui ne peuvent plus diffuser leurs émissions dans le pays. Pour Koné Lanciné, cette politique entrave la liberté de la presse et donc le droit de la population à une information équilibrée, en dehors de toute propagande. Un avis partagé par Ambroise Pierre, responsable Afrique de Reporters Sans Frontières.

Elfenbeinküste Wahl Alassane Ouattara
... Alassane Ouattara aussiImage : AP

« La RTI n'est pas qu'un média, c'est un vecteur de pouvoir, un lieu de décision, et c'est surtout un outil du pouvoir en place pour faire passer sa propagande, intoxiquer la population quand le pays est en crise. »

Ambroise Pierre estime qu'on n'en est pas encore à la haine propagée en son temps au Rwanda par la Radio des Mille Collines, mais les médias ivoiriens doivent faire attention à ne pas encourager les affrontements par un discours violent.

« On montre du doigt des opposants politiques, des médias, des journalistes, en disant qu'ils veulent destabiliser la Côte d'Ivoire. »

Ambroise Pierre, comme Koné Lanciné, regrette que Laurent Gbagbo n'ait pas tenu sa promesse de l'année dernière sur la libéralisation des médias. On comprend aujourd'hui mieux pourquoi.

Auteurs : Dirke Köpp, Georges Ibrahim Tounkara, Sandrine Blanchard
Edition : Kossivi Tiassou