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Le Cameroun fait face à trois défis sécuritaires

28 septembre 2017

La crise anglophone au sud-ouest risque de diviser le pays, tandis que la lutte contre la secte islamiste Boko Haram, représente une menace régionale. A ceci s'ajoute la situation à la frontière avec la RCA.

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'Le gouvernement mobilise toute la nation pour faire face à ces fronts qui se so - MP3-Stereo

Longtemps considéré comme étant un îlot de stabilité dans une sous-région instable, le Cameroun est  ébranlé par ces trois crises majeures qui menacent son existence, expliquent plusieurs experts. 

Pour le journaliste et consultant politique Cabral Libii,"le climat à l'intérieur se détériore. Du coup, il y a une fracture de ce qui faisait la force du Cameroun, c'est-à-dire la cohésion nationale en temps de crise face à des agressions extérieures. Donc, aujourd'hui, le premier moyen qui manque ou qui commence à manquer, ce n'est pas tant  un moyen financier ou militaire. C'est le moyen politique. Le moyen spirituel, du peuple uni. Ce moyen là, il faut le reconstituer, parce que s'il fait défaut, je peux vous garantir que tout ira à vau-l’eau." explique t'il.

Détermination du gouvernement

Le ministre camerounais de la Communication et porte-parole du gouvernement, reconnait la difficulté de faire face à  ces trois foyers de tension à la fois. Selon Issa Tchiroma Bakary,

"En dépit de toutes ces difficultés, notre économie tient la route, notre peuple continue à être généreux. Nous n'avons pas d'autre choix que de faire face et de manière victorieuse. Le gouvernement est conscient de sa responsabilité. Le gouvernement mobilise toute la nation pour faire face à ces fronts qui se sont imposés à nous. Et également, ça relève de la compétence des Etats comme les nôtres de faire face à de telles situations."

Premier octobre 2017, date décisive?

John Fru Ndi, le leader du SDF est contre la sécession mais est favorable au fédéralisme.
John Fru Ndi, le leader du SDF est contre la sécession mais est favorable au fédéralisme. Image : M. Happi

C’est ce jour qu’ont choisi les séparatistes pour proclamer l’indépendance des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest anglophones. 
Pour prévenir toute explosion de violence, le gouvernement camerounais a déployé  plusieurs contingents de militaires. En rappel, le premier octobre 2017 marque le 56e anniversaire de la réunification du Cameroun français et du Southern Cameroon britannique.

Les leaders séparatistes diffusent depuis quelques jours des messages appelant à l'indépendance de ces régions. Ils ont prévu des mobilisations citoyennes comme des concerts de casseroles. Leurs représentants à l’étranger ont apprêté quasiment tous les symboles d’un Etat : un hymne, un drapeau, un passeport et même une monnaie censée se substituer dans ces régions à l’actuel franc CFA.

Rampe de lancement?

Tout est parti d’une série de grèves de plusieurs corps de métiers dans le Nord-ouest et le Sud-ouest. Progressivement, le mouvement de protestation a été récupéré par des leaders sécessionnistes. Pour certains analystes, la crise anglophone au Cameroun pourrait finalement aider le pays à surmonter nombre de ses handicaps. En effet, les problèmes de pauvreté et de discriminations dénoncés par les anglophones ne sont pas très éloignés de ceux que subissent le reste de la population au quotidien. Alors que les leaders du mouvement séparatiste anglophone ont choisi la date du 1er octobre pour proclamer leur indépendance, de plus en plus de Camerounais jugent légitimes les revendications de leurs compatriotes anglophones.

 Selon le président du Cercle de réflexion et d’action pour le développement, Denis Atangana, la crise anglophone servira de base pour la résolution des problèmes que rencontrent les Camerounais. 

"Ce n'est pas parce que, vous avez faim, et que vous avez peur de parler, que l'autre n'a pas le temps de parler lorsqu'il a faim. Les anglophones ont eu le courage de poser les problèmes. Parce qu’il faut reconnaitre que la forme de l'Etat actuellement au Cameroun est un handicap. Si on avait par exemple abouti à une véritable régionalisation, je vous assure qu’on aurait moins de problèmes aujourd'hui. La crise anglophone va permettre de régler la crise de gouvernance qui existe, elle va permettre de régler la crise de légitimité qui existe" explique Denis Atangana.

Le ministre camerounais de la Communication et porte-parole du gouvernement, reconnait la pertinence de ces revendications. Mais Issa Tchiroma Bakary le promet : il n’y aura jamais deux Cameroun.

"Nous sommes un Etat de droit, un Etat organisé, l'intégrité territoriale de notre nation est un bien inaliénable. Toute la nation camerounaise unie, derrière ses dirigeants, en particulier, nos forces de défense et de sécurité, toute la nation camerounaise s'érige comme un seul homme pour faire face donc à leur tentative. Leur tentative est vouée à l'échec. Jamais, jamais, il  y aura  sécession  au Cameroun. Les sécessionnistes, leur objectif, simplement, c'est d'obtenir la publicité qu'on fait autour d'eux. C'est d'obtenir que les projecteurs de l'actualité soient braqués sur eux."

Joint au téléphone par la Deutsche Welle, un membre du bureau politique national du SDF, le Social Democratic Front, le principal parti d’opposition a été formel : John Fru Ndi, son leader, est contre la sécession mais est favorable au fédéralisme. 
Réponse d’Issa Tchiroma Bakary : la décentralisation entamée au Cameroun suit son cours. Il est hors de question de changer de cap.


 

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona