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Le Bénin accroît la pression sur ses fonctionnaires

23 août 2019

Plus de 18.000 enseignants vont être évalués. Il s’agit d'agents contractuels de l’Etat intégrés dans la fonction publique depuis 2008. Certains professeurs boycottent cet examen.

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18.000 enseignants doivent être évalués ce samedi (photo d'illustration)Image : picture-alliance/dpa/K.-U. Wärner

L'opération d'évaluation commence ce samedi 24 août pour 18.000 enseignants. Tous doivent passer un examen, dans un des 23 centres répartis sur le territoire, sur décision des autorités. Mais la mesure ne plait pas à tout le monde. 

C'est le cas, par exemple, d'Eric Fernand Sènou, qui enseigne dans le public depuis une vingtaine d’années. Aujourd’hui secrétaire général du syndicat des enseignants du secondaire unis pour l’éthique dans l’éducation nationale au Bénin, il trouve illégal cette mesure du gouvernement  visant à procéder à l’évaluation des agents contractuels de l’Etat : 

"Tel que le gouvernement l'a prévu, il ne se base sur aucun texte de la République. La vraie raison est que le gouvernement a un plan de licenciement massif et abusif. Les gens ont été recrutés et sont liés à l’Etat par un contrat de travail administratif. On ne peut pas du jour au lendemain stigmatiser l’ensemble des enseignants du Bénin", estime-t-il.

Un autre enseignant, également concerné par cette évaluation, considère cette réforme différemment. Marcel Dossou a choisi pour sa part d'y participer. Il s'en explique :

"J’ai décidé de composer parce que je veux vaincre la peur. Nous n’allons pas vivre sous la hantise de cette peur qu’utilisent les gouvernants pour nous dominer. Nous voulons également utiliser cette évaluation pour enlever cet habit de ‘reversés’. Pour dire, je suis de l’administration publique, j’ai fait l’évaluation, je suis compétent." 

Les syndicats inquiets

Burundi Mädchen schreibt auf Tafel
Image : picture alliance/dpa-Zentralbild/T. Schulze

Certaines centrales syndicales estiment que cette réforme pourra contribuer à améliorer le système éducatif. Mais les acteurs du secteur ont tout de même une inquiétude commune. 

Clarisse Reine Fandy est la secrétaire générale de la centrale syndicale des secteurs privé, parapublic et informel du Bénin. Elle croit en la promesse du chef de l’Etat qui promet qu'il n’y aura pas de licenciement : "C'était notre seule inquiétude. Il nous a rassuré et a dit qu’il ne le ferait pas. Donc nous comptons sur sa bonne foi."

La confédération syndicale des travailleurs du Bénin reste très catégorique. Optant pour le boycott, Kassa Mampo, secrétaire général, s’inquiète surtout pour la rentrée scolaire qui est dans moins d’un mois.

"Le gouvernement lui-même programme la rentrée pour le 16 septembre. Comment peut-il se lever en août pour rompre le contrat des fonctionnaires ou pour faire composer des fonctionnaires ? Et quand est-ce qu’il veut faire composer ceux qu’il veut recruter ?", s'interroge Kassa Mampo.