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Le Bénin autorise la transhumance pour les éleveurs du Niger

Reliou Koubakin
2 mars 2020

Depuis le 1er mars, le Bénin autorise les pasteurs nigériens à faire entrer 50.000 têtes de bovins dans le pays pendant deux mois. La raison : les nombreux conflits entre agriculteurs et éleveurs pendant la transhumance.

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Dans la région de Segou (centre du Mali), les conflits intercommunautaires sont récurrents
Dans la région de Segou (centre du Mali), les conflits intercommunautaires sont récurrentsImage : Imago Images/Le Pictorium/N. Remene

"L’autorisation exceptionnelle n’est pas une solution définitivement meilleure" (Hamat Hassan Moussa)

Le Bénin avait pris en décembre (2019) un arrêté interdisant la transhumance transfrontalière. Cette décision est rare dans l’espace CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest).  

L’arrêté béninois interdisant la transhumance transfrontalière a fait déplacer du Niger une délégation ministérielle à Cotonou il y a une dizaine de jours.

Trois portes d’entrée sur la frontière béninoise vont être utilisées par les pasteurs nigériens. La campagne de transhumance a démarré en février 2020.

À la recherche de pâturage

La transhumance est l’occasion pour les éleveurs des pays sahéliens comme le Niger, le Burkina Faso ou le Mali de descendre vers les pays côtiers tels que la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo à la recherche d’herbes fraîches.

"Ce sont plus de 30.000 têtes de bovins qui se déplacent dans l’année", évalue Hamat Hassan Moussa du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS).

La forte sécheresse se fait sentir chez les animaux
La forte sécheresse se fait sentir chez les animauxImage : Imago/epd/A. Staeritz

"Les éleveurs, au passage, tombent dans une situation où il est difficile de maîtriser le bétail. Ça crée facilement des risques de dispersion. Et quand il y a dispersion, il y a des conflits. Les éleveurs, eux-mêmes, parfois, changent de couloirs de transhumance en dehors des zones qui leur sont dédiées" explique-t-il.

Violences entre agriculteurs et éleveurs

Officiellement, le Bénin reconnaît la transhumance transfrontalière. Mais le passage du bétail se solde souvent par des violences. L’arrêté d’interdiction pris l’année dernière visait donc à corriger cette situation.

En effet, en 2017 et 2018, une quarantaine de morts lors d’affrontements entre éleveurs et agriculteurs a été dénombrée, de nombreux bovins ont été aussi tués.

Sabirou Mossi agriculteur au nord du Bénin frontalier du Niger a vu sa production ravagée l’an dernier.

Selon lui, "la dernière fois, il y a eu des morts. Il y a un cultivateur qui, un soir, était à la recherche de bois. Il a été attaqué par des éleveurs qui l’ont abattu. Les villageois se sont ensuite rassemblés pour aller répliquer."

Selon Hamat Hassan Moussa du Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS), "l’autorisation exceptionnelle n’est pas une solution définitivement meilleure".

Les violences entre agriculteurs et éleveurs sont récurrentes au Bénin et au Nigéria
Les violences entre agriculteurs et éleveurs sont récurrentes au Bénin et au NigériaImage : Getty Images/AFP/P. Utomi Ekpei

À l’en croire, "la CEDEAO autorise la liberté de circulation des personnes et des biens au niveau de son espace. C’est valable aussi pour le système d’élevage. Le Bénin est le seul pays où on a rencontré cette situation d’interdiction".

Hamat Hassan Moussa salue tout de même cette autorisation exceptionnelle du Bénin qui pourrait ouvrir les pourparlers avec le Burkina Faso et le Mali.

La campagne de transhumance va durer quatre mois, le temps pour les éleveurs et les agriculteurs de cohabiter encore pendant cette saison.

La CEDEAO reconnaît elle-même que sa législation est insuffisante en matière de transhumance transfrontalière.