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Le Burkina cinq ans après l'insurrection

Georges Ibrahim Tounkara
30 octobre 2019

Il y a cinq ans les Burkinabè descendaient dans la rue et faisaient chuter le président Blaise Compaoré. Cinq ans après la situation sécuritaire s'est fortement dégradée.

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Le 31 octobre 2014, après 27 ans au pouvoir, Blaise Compaoré démissionne sous la pression
Le 31 octobre 2014, après 27 ans au pouvoir, Blaise Compaoré démissionne sous la pressionImage : Getty Images/AFP/S. Kambou

Il y a  cinq ans, des milliers de Burkinabè prenaient d'assaut la rue pour empêcher Blaise Compaoré de changer la Constitution et se maintenir au pouvoir. C'était en octobre 2014. Une mobilisation qui allait aboutir à la chute du président le 31 octobre 2014. Cinq après cette insurrection, la situation sécuritaire s'est fortement dégradée, surtout dans le nord du pays, avec la multiplication des attaques djihadistes. 

Un pacte de non-agression rompu

Depuis la chute de Blaise Compaoré, le pays est confronté à  une spirale d'attaques djihadistes qui ont fait officiellement plus de 600 morts, civils et militaires et provoqué près de 500.000 déplacés internes. Au pouvoir depuis 27 ans, Blaise Compaoré avait su maintenir une certaine tranquillité dans la partie septentrionale de son pays alors que le voisin malien subissait les attaques de mouvements djihadistes. 

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Entre Compaoré et les djihadistes, il y avait, dit-on, une sorte de deal, un pacte de non-agression. "Blaise Compaoré jouait un rôle de médiateur qui lui a attiré la sympathie de tous les belligérants de la bande sahélo-saharienne et il était aussi entouré de très bons conseillers et stratèges", estime Laurent Kibora, expert en sécurité et développement. "A cela, il faut ajouter qu'il avait une unité d'élite, le RSP, au sein de laquelle il y avait une unité appelé le GIAT, le Groupement d'intervention anti-terroriste, bien formé pour faire échec aux attaques terroristes. Mais tout cela a été dissous pendant la transition."

Efforts de l'Etat

Selon cet expert l'Etat fait beaucoup d'efforts, en termes d'équipements, de formation et de sensibilisation. Le pays lutte contre ce problème par la résilience et le renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité. "Cette résilience se manifeste aussi par la création de projets pour les jeunes et les femmes afin d'éviter la radicalisation. Nous avons aussi le soutien de l'Allemagne, de la France, des États-Unis et d'autres pays", explique encore Laurent Kibora

Soldat burkinabè
Image : AFP/A. Ouba

Au nombre des groupes djihadistes très actifs au Burkina, les experts avancent les noms du Front de libération du Macina d'Amadou Koufa et Al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar. 

Conflits communautaires

Mais, il n'y a pas que les djihadistes qui ont fait leur apparition depuis la chute de Compaoré. Il y a aussi la multiplication des conflits communautaires. "C'est une dimension supplémentaire de l'insécurité", explique l'analyste Siaka Coulibaly. "Si les fondamentaux de la sécurité ne sont pas réunis, l'autorité de l'Etat a du mal à s'affirmer dans certaines zones, ce qui laisse libre cours aux logiques communautaristes avec ces conflits entre communautés."

L'an prochain, les Burkinabè se rendront aux urnes pour choisir leur futur président et il est à craindre qu'une crise postélectorale ne vienne fragiliser davantage un pays  qui n'a pas fini de compter ses morts.

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle