L'attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler // La touristification fait des dégâts à Lisbonne | PROGRAMME | DW | 20.07.2019
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L'attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler // La touristification fait des dégâts à Lisbonne

Une date qui a failli changer le cours de l'Histoire : il y a 75 ans, des militaires allemands ont tenté d'assassiner Adolf Hitler. Nom de code de l'opération : Walkyrie. // Dans la deuxième partie de ce magazine, on part pour une virée touristique à Lisbonne. L'affluence de visiteurs dans la capitale portugaise cause des problèmes aux habitants.

Le film "Walkyrie", de Bryan Singer, sorti en 2009, est une interprétation très hollywoodienne de l'attentat mené par des officiers de la Wehrmacht, l'armée allemande, pour tuer Adolf Hitler. Le film a eu plus de succès que l'opération qui visait à renverser le régime nazi.

La bombe qui devait tuer Adolf Hitler

Adolf Hitler serre la main de von Stauffenberg le 15 juillet 1944 au quartier général Wolfschanze, situé dans l'actuelle Pologne

Adolf Hitler serre la main de von Stauffenberg le 15 juillet 1944 au quartier général Wolfschanze, situé dans l'actuelle Pologne

Le 20 juillet 1944 à 12h42, une bombe explose dans le quartier général de Prusse orientale, où Hitler et son état-major sont réunis. La bombe, cachée dans un porte-document, a été placée par le colonel Claus Schenk Graf von Stauffenberg. 

Né en 1907 dans une famille de la noblesse souabe, celui-ci avait, dans un premier temps, accueilli favorablement l'arrivée des nazis suite à l'humiliation du Traité de Versailles, en 1919. Mais lorsque les premières synagogues brûlent en 1938, von Stauffenberg commence à changer d'avis sur Hitler. 

L'officier, qui poursuit sa carrière militaire dans la Wehrmacht, perd un œil lors d'une mission en Afrique. Il se retrouve affecté au quartier général du Führer, une position idéale pour mettre à exécution un plan qui mûrit depuis longtemps en secret dans les cercles conservateurs allemands : assassiner Adolf Hitler et prendre le pouvoir. 

L'opération Walkyrie

Claus Schenk Graf von Stauffenberg en 1934

Claus Schenk Graf von Stauffenberg en 1934

Les conjurés - civils et militaires - prévoient de détourner l'opération "Walkyrie", un plan d'urgence élaboré par les nazis pour permettre à l'armée de réprimer une éventuelle insurrection. Le nom fait référence à un célèbre opéra de Wagner, le compositeur préféré de Hitler, lui-même inspiré de la mythologie germanique.

Ce 20 juillet 1944, Claus Schenk Graf von Stauffenberg prend l'avion pour Berlin, persuadé que la bombe qui vient d'exploser a rempli sa mission. Mais Hitler s'en sort avec de simples égratignures. La grande table en chêne et les fenêtres grand ouvertes en cette journée estivale ont dévié le souffle de l'explosion. 

L'opération Walkyrie prend du retard, certains conspirateurs abandonnent par peur d'être découverts. Le soir du 20 juillet, le coup d'État a officiellement échoué. La radio n'en parle même pas lorsqu'elle évoque l'attentat contre Hitler:

"Le Führer a été visé aujourd'hui par un attentat. Le Führer n'a pas été blessé, excepté de légères brûlures et contusions. Il a aussitôt repris son travail et comme prévu, il a reçu le Duce pour une longue réunion."

La baraque où la bombe a explosé a été reconstituée pour le film Walkyrie, dans lequel Tom Cruise interprète Claus von Stauffenberg

La baraque où la bombe a explosé a été reconstituée pour le film Walkyrie, dans lequel Tom Cruise interprète Claus von Stauffenberg

Le soir même, von Stauffenberg et de nombreux autres conspirateurs sont arrêtés et fusillés. Au cours des mois qui suivent, plus d'un millier d'hommes et de femmes sont jetés en prison pour leur participation supposée au complot.

Environ 200 d'entre eux seront condamnés à mort. Pour l'historien Wolfgang Benz, c'est la défection des hauts gradés de l'armée qui a causé l'échec du coup d'État.

"Il aurait fallu qu'au moins un d'entre eux, comme Erwin Rommel, se mette en avant pour que le peuple dise: 'Ah, Rommel voit aussi que Hitler est un criminel", explique l'historien.

"L'Holocauste ne les intéressait pas"

Il a fallu beaucoup de temps, après la fin de la guerre, pour que les initiateurs du 20 juillet ne soient plus considérés comme des traîtres. Mais von Stauffenberg et ses alliés ont fini par obtenir à titre posthume le statut officiel de héros. 

Des rues, des écoles et des casernes portent leurs noms, des drapeaux sont hissés sur les bâtiments officiels le 20 juillet. La Bundeswehr, l'armée de la République fédérale allemande, se réfère à l'ancien officier de la Wehrmacht.

La Bundeswehr rend hommage chaque année aux initiateurs de l'opération Walkyrie

La Bundeswehr rend hommage chaque année aux initiateurs de l'opération Walkyrie

Mais il y a aussi des voix critiques, notamment sur le moment choisi par les conjurés pour mettre leur plan à exécution, six semaines après le débarquement des Alliés en Normandie. Certains historiens, dont Wolfgang Benz, estiment que le groupe a voulu sauver les meubles alors que la débâcle de l'Allemagne était prévisible. 

"L'Holocauste ne les intéressait absolument pas, c'était surtout la guerre qui était en train d'être perdue qui comptait pour les militaires. Ils ont voulu éviter les dommages pour l'Allemagne en se débarrassant du mauvais gouvernement pour pouvoir dire aux alliés: 'Nous voulions absolument faire la paix'." 

La récupération de l'extrême droite allemande

D'autres historiens soulignent que Stauffenberg était loin d'être un démocrate. Si l'attentat avait réussi, il aurait probablement prôné une autre forme d'autoritarisme pour l'Allemagne. C'est sans doute la raison pour laquelle l'extrême droite allemande revendique elle aussi l'héritage de Claus Schenk Graf von Stauffenberg. 

Le 20 juillet 2018, une affiche du parti AfD avec un portrait du colonel rappelait que "la désobéissance civile et la réflexion critique sont des devoirs citoyens". Dans leurs manifestations, les partisans du mouvement islamophobe Pegida agitent régulièrement un drapeau créé par un des conspirateurs du 20 juillet. Une récupération "inadmissible" selon Wolfgang Benz. 

"De toutes les façons, l'Allemagne serait redevenue un État de droit. Mais pas une démocratie telle qu'elle est décrite dans notre Loi fondamentale, ce n'était pas comme ça que l'envisageaient les conspirateurs du 20 juillet et leurs sympathisants."

Les autres visages de la résistance allemande

Le 20 juillet 1944 est une date symbole en Allemagne car elle est la tentative la plus spectaculaire de mettre fin au régime nazi. Mais selon Wolfgang Benz, on aurait tort de limiter la résistance allemande à ce seul événement. D'autres résistants allemands sont mentionnés dans les livres d'Histoire. 

Le mémorial dédié à la résistance allemande, à Berlin. C'est là que les conspirateurs ont été exécutés en 1944.

Le mémorial dédié à la résistance allemande, à Berlin. C'est là que les conspirateurs ont été exécutés en 1944.

Georg Elser, un menuisier communiste, qui a fait exploser une bombe artisanale le 8 novembre 1939 dans une brasserie où étaient réunis les principaux dirigeants nazis, mais Hitler avait quitté la salle 13 minutes avant l'explosion. 

Ou encore Hans et Sophie Scholl, un frère et un sœur à l'origine du mouvement étudiant "Weiße Rose" - la "Rose blanche", qui distribuait des tracts de résistance à Munich en 1942 et 43. 

Et puis il y a des résistants de l'ombre, issus de la politique, de l'Église ou de la société civile, qui ont agi au niveau local, par exemple en aidant à cacher des juifs pendant la guerre. Malheureusement trop peu nombreux pour renverser le régime d'Adolf Hitler.  

Sujet réalisé avec la contribution de Christoph Hasselbach

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