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L'art congolais au coeur du Brésil

Marie Naudascher18 juin 2016

En 2016, le nombre de demandes de réfugiés à Rio de Janeiro a augmenté de 82%, selon l'organisation Caritas. Parmi eux, des artistes originaires de la RDC qui doivent souvent changer d'activité en arrivant au Brésil.

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Des réfugiées d'origine congolaise installées au Brésil
Des réfugiées d'origine congolaise installées au BrésilImage : DW/M. Naudascher

Les réfugiés les plus nombreux accueillis par le Brésil sont les Colombiens, les Syriens et... les Congolais. Parmi eux, des artistes, qui doivent souvent changer de secteur en arrivant au Brésil. Mais certains ont réussi à exposer leurs travaux dans le centre de Rio. (Reportage de Marie Naudascher)

“Traduction provisoire”, c'est le nom de cette exposition, organisée dans une ancienne fabrique de Chocolat du centre de Rio de Janeiro. Provisoire, parce que les nouveaux arrivants, dès les premières semaines, parviennent à s'exprimer en portugais, sans traducteur.

"La mode africaine est compliquée"

Bildergalerie Afrikanische Modedesigner in Portugal
Image : DW/J. Carlos

Claudine couturière et styliste est arrivée au Brésil il y a 2 ans. Turban turquoise et doré, robe de soirée très sophistiquée et collier tressé assorti, elle présente l'une de ses pièces favorites, une robe Brésil/ Congo, alliant les deux drapeaux.

«Grande différence entre la mode brésilienne et africaine, la mode africaine est un peu plus compliquée, ici c'est tout simple, compte tenu du climat, des blouses simples, tandis que la mode africaine est compliquée, avec des manches, des voiles par ci et par là, des choses sur la tête.»

Originaire de Lubumbashi, elle est ici sans sa famille, elle s'est fait des amies, et a réussi à continuer à travailler comme couturière. Un long processus d'adaptation à une culture à la fois très imprégnée de l'héritage culturel et religieux africain, mais très différente dans ses codes. «Oui, je commence à mélanger, quand le parle en Français avec le Portugais, je fais l'effort pour m'adapter, ça a été difficile, mais maintenant ça va, j'ai des amis brésiliens, brésiliennes (rires)»

"S'enfuir vers l'inconnu"

L'art congolais exposé à Rio de Janerio
L'art congolais exposé à Rio de JanerioImage : DW/M. Naudascher

Dans le hall de ce gigantesque espace, alors que Claudine range ses tissus, une installation d'un sculpteur congolais accueille les visiteurs. Une valise, sous un portique, une pancarte AIR AFRIQUE, des chemises d'hommes pliées au sol, et des traces de pas qui vont vers un grand point d'interrogation dessiné à la craie ! L'artiste, Serge, lui aussi venu du Congo, préfère ne pas en dire plus sur son identité, car il sait que sa famille est en danger depuis son départ. Après une exposition critiquant le gouvernement il a du s'enfuir, en traversant le fleuve Congo pendant la nuit. S'enfuir vers l'inconnu. Une déchirure que raconte son travail.

«Nous les jeunes africains cherchons à quitter l'Afrique, pas de conditions pour rester, problèmes politiques, guerres et des jeunes qui terminent leurs études et ne se retrouvent pas, quand nous quittons l'Afrique, à la destination finale, moi ici au Brésil, après on a des difficultés pour s'intégrer au rythme du pays d'accueil, c'est mon cas, ce que je suis en train de subir ici au Brésil, je ne sais pas mon avenir.»

Après trois mois à Rio de Janeiro, Serge a déjà fait l'expérience de ce qu'il appelle de façon poétique « le racisme entre guillemets », il s'agit en fait du racisme cordial, propre à la société brésilienne, chaleureuse et accueillante en apparence, en apparence seulement. «Quand j'arrive quelque part, les gens détectent que je suis étranger, tu es isolé, même dans le train, j'ai remarqué, je m'assois et à côté de moi pas vraiment de Brésiliens blancs, parfois des Brésiliens noirs comme moi. Les blancs, même s'il y a des places, ils restent debout.»

Le Brésil accueille à bras ouvert les réfugiés et les migrants en général, mais l'année dernière, le géant sud-américain est entré en récession. Le chômage atteint maintenant les 10%, trouver un travail dans ce contexte est donc très difficile pour les migrants qui arrivent après les belles années de croissance.