1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

L'Afrique, un partenaire d'avenir pour l'Allemagne

11 mai 2012

L’économie africaine connaît toujours une forte croissance. Et pourtant, le continent n’a qu’une place restreinte dans les échanges de l’Allemagne avec l’étranger, plafonnant à moins de 2%.

https://p.dw.com/p/14tlK
Le Cap, Afrique du Sud
Le Cap, Afrique du SudImage : AP

Les principaux investissements allemands au sud du Sahara se cantonnent à l'Afrique du sud. C'est pour développer un partenariat encore balbutiant que des acteurs économiques allemands et africains se réunissent à la fin du mois, du 21 au 25 mai, pour une première édition de l'Africa Business Week, dans la ville de Francfort.

L'Afrika-Verein a célébré son 75ème anniversaire en 2009, en présence du président Horst Köhler, très engagé dans les relations germano-africaines
L'Afrika-Verein a célébré son 75ème anniversaire en 2009, en présence du président Horst Köhler, très engagé dans les relations germano-africainesImage : Susanne Hartung

Les entrepreneurs allemands trop prudents ?

Plus de 700 entrepreneurs allemands intéressés par le potentiel de l'Afrique sont regroupés au sein de l'Afrika-Verein. Cette association compte des géants du secteur, comme Siemens ou le groupe ThyssenKrupp, mais aussi de nombreuses PME. Stefan Liebing regrette que beaucoup d'entrepreneurs allemands continuent d'associer l'Afrique à des risques trop importants pour tenter l'aventure : « Partout en Afrique, explique-t-il, on apprécie la qualité et la technologie allemandes. Mais il est vrai que souvent, les produits allemands sont plus chers. Celui qui n'a pas tellement d'argent disponible préfère donc acheter meilleur marché, tout en sachant que la durée de vie du produit sera moindre. » Selon Stefan Liebing, les entreprises allemandes devraient diversifier leurs offres et les adapter à des pays moins développés, pour proposer des produits moins haut de gamme mais plus accessibles.

L'énergie verte, un secteur d'avenir

Les Africains sont aussi demandeurs de transferts de technologies. Il faut donc également organiser des formations, comme dans le secteur des énergies renouvelables. Au Nigeria, par exemple, le ministre des Sciences et de la Recherche, Ita Okon-Bassey Ewa, insiste sur la part grandissante des énergies vertes dans l'approvisionnement de son pays : « Nous mettons en place des partenariats avec des institutions ici en Allemagne, comme l'université de Stuttgart ou d'autres écoles, pour permettre à des Nigérians de venir en Allemagne pour apprendre à mettre au point des cellules photovoltaïques. »

Dans le secteur de l'énergie, les États africains veulent dorénavant bénéficier plus directement de la création de richesse. En augmentant le personnel local du secteur, en développement les infrastructures techniques et en transformant sur place les matières premières. Et pourquoi ne pas fabriquer les turbines directement au Nigeria ? Siemens a commencé à investir dans un atelier de réparation de turbines dans le pays. « C'est en quelque sorte un premier pas vers une production locale, témoigne Toyin Abegunde, chef du développement du personnel de Siemens au Nigeria. Si nous parvenons à réparer les turbines au Nigeria, avec des Nigérians, nous pourrions aussi produire certains composants sur place. Jusqu'à implanter l'ensemble de la chaîne de production ici .»

Miser sur les énergies renouvelables et favoriser une production locale
Miser sur les énergies renouvelables et favoriser une production localeImage : AP

Encourager les carrières locales

Par ailleurs, l'entreprise essaie d'augmenter la proportion d'employés locaux parmi ses cadres. Abegunde en est l'illustration, puisque son prédécesseur à ce poste était allemand. Afin de promouvoir cette politique, Siemens a ainsi créé fin 2010, à Lagos, la « Power Academy ». L'État régional de Lagos y participe avec un programme de développement de carrière de six mois à destination des jeunes.
« Actuellement, nous avons 20 étudiants à la Power Academy. Ils y sont formés aux bases des techniques énergétiques et reçoivent un certificat. Nous nous sommes engagés à en recruter 2 ou 3 en fin de formation s'ils font preuve d'excellence» raconte Toyin Abegunde.

Les employés expatriés coûtent souvent très chers. Par ailleurs, beaucoup d'entreprises ne veulent plus envoyer leurs compatriotes dans de nombreuses régions considérées comme peu sûres.

Promouvoir l'Afrique auprès de la politique

L'Allemagne a tout intérêt à soigner ses relations économiques avec un continent riche en matières premières
L'Allemagne a tout intérêt à soigner ses relations économiques avec un continent riche en matières premièresImage : picture-alliance/dpa

Stefan Liebing, de l'Afrika-Verein, explique que l'intérêt pour le savoir-faire allemand va plus loin encore ; il concerne aussi le travail de lobby auprès des instances politiques : « J'ai discuté avec un ministre africain qui m'a dit que son pays allait adopter une loi sur le modèle de celle qui prévaut en Allemagne sur les énergies renouvelables. Nous exportons aussi énormément notre méthode d'incitation aux énergies renouvelables »

Une méthode qui consiste à encourager, par des prix d'achat plus élevés, les producteurs de courant solaire ou éolien jusqu'à ce qu'ils soient compétitifs par rapport aux producteurs d'énergie conventionnelle – produites à partir de gaz ou de charbon notamment.

Mais les Africains sont ouverts aussi à d'autres secteurs de coopération. Récemment, le ministre nigérian des Sciences et de la Recherche indiquait que son pays avait des projets dans le nucléaire. Et là aussi, a-t-il assuré, l'Allemagne pourrait être un partenaire bienvenu.

Auteurs : Thomas Mösch, Sandrine Blanchard
Edition : Sébastien Martineau, Anne Le Touzé