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L'accord sur le nucléaire iranien mis à mal

8 mai 2019

Il y a un an jour pour jour, les Etats-Unis se sont retirés de l'accord sur le nucléaire iranien passé en 2015. Aujourd'hui, c'est l'Iran qui menace de rompre ses engagements.

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USA Iran Spannungen Symbolbild Rohani im Atomkraftwerk in Bushehr
Image : picture-alliance/AP Photo/Iranian Presidency Office/M. Berno

Il y a un an jour pour jour, les Etats-Unis se sont retirés de l'accord sur le nucléaire iranien passé en 2015. Alors même que le gouvernement iranien s'était conformé à ses engagements vis-à-vis de l'Agence internationale de l'Energie atomique.

Ces derniers jours, l'administration Trump a annoncé de nouvelles sanctions contre la République islamique.

En réaction, le président iranien Hassan Rohani a annoncé à son tour ce matin un retrait partiel de l'accord.

Pression maximale

L'administration Trump  joue la carte de la pression maximale. Les Etats-Unis mettent en garde tout pays qui aiderait l'Iran à agrandir la centrale nucléaire de Busher. Et plus généralement tout pays ou toute entreprise qui, contrairement aux prescriptions américaines, continuerait de commercer avec l'Iran.

Derniers coups en date portés à Téhéran : Washington a placé il y a quelques jours les Gardes de la Révolution sur la liste des organisations considérées comme terroristes. Et ces dernières semaines, les Etats-Unis ont suspendu les exceptions tolérées à l'embargo sur les exportations de pétrole iranien vers l'Inde, la Chine ou la Turquie.

Une méthode destinée à mettre la diplomatie et l'économie de la République islamique à genoux, mais qui ne semble pas porter ses fruits, de l'avis de la politologue Dina Esfandiary,, qui a déclaré lors d'une discussion à Washington que "l'Iran continue de poursuivre ses propres intérêts dans la région. Il investit toujours dans son programme balistique. Et va même jusqu'à agir contre les intérêts de ses nouveaux alliés en Europe."

Iran Internationale Atomenergiebehörde (IAEO) inspiziert Atomanlage
Inspection d'une centrale iranienne à Narantz, en 2014, par l'AIEAImage : Imago/UPI Photo

Les autorités iraniennes reprochent aux Etats-Unis et à leurs alliés régionaux, que sont l'Arabie Saoudite et Israël, de chercher à provoquer l'alternance politique à Téhéran.

Le conseiller à la sécurité nationale américaine John Bolton a d'ailleurs estimé sur la chaîne Fox que "sans aucun doute, les Iraniens méritent un meilleur gouvernement" que cette "dictature militaire".

Conflit interposé

L'analyste Ali Vaez de l'International Crisis Group veut croire pour sa part qu'en dépit du ton qui se durcit, ni l'Iran ni les Etats-Unis n'ont d'intérêt à aller au conflit ouvert : "Je pense que chacun va plutôt miser sur des représailles dans sa zone d'influence, comme ça ils pourront plus facilement nier toute responsabilité."

L'un des terrains qui pourraient pâtir de ce jeu de quilles, c'est l'Irak, allié de Washington mais où des chiites sont désormais aussi au gouvernement et qui ne peut pas se permettre de se brouiller avec Téhéran.

USA üben scharfe Kritik an EU-Plan zur Umgehung von Iran-Sanktionen | Mike Pompeo
Mike Pompeo, secrétaire d'Etat américain, s'est rendu à BagdadImage : Getty Images/AFP/M. Ngan

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a annulé une visite à Berlin pour se rendre d'urgence à Bagdad.

Au micro de Deutschlandfunk, le politologue et islamologue Michael Lüders reproche aux puissances européennes leur passivité pour éviter une escalade militaire :

"La position de l'Union européenne, et surtout de la Grande-Bretagne, de la France et de l'Allemagne était trop molle. Ils n'ont pas assez montré aux Américains que les Européens tenaient à l'accord avec l'Iran. Ils l'ont fait de manière rhétorique, mais ils n'ont pas soutenu l'économie iranienne en train de s'effondrer, ni les relations commerciales."

En attendant des assurances de la part d'autres pays signataires de l'accord, l'Iran a suspendu ce matin certains de ses engagements de 2015 comme la restriction de ses activités d'enrichissement d'uranium ou de ses stocks d'eau lourde.

La République islamique a aussi donné 60 jours aux autres Etats parties, dont l'Allemagne, pour tenir leurs promesses.

Le ministère allemand des Affaires étrangères appelle l'Iran à "mettre en oeuvrel a totalité de l'accord". La ministre de la Défense, Ursula von der Leyen, assure que l'Allemagne veut toutefois maintenir le dialogue avec l'Iran.