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La vie sans le bac

Jean-Michel Bos13 novembre 2007

Etudier sans l’Abitur, l’équivalent du baccalauréat français, c’est possible en Allemagne. Plusieurs présidents d’université, dont celui de la Humboldt de Berlin, proposent d’assouplir les conditions d’inscription et promettent en même temps que cela ne dévalorisera pas l’Abitur.

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L’Allemagne en manque de jeunes diplômés souhaite simplifier l’accès aux études universitaires. Comme à l'université Humboldt à Berlin
L’Allemagne en manque de jeunes diplômés souhaite simplifier l’accès aux études universitaires. Comme à l'université Humboldt à BerlinImage : picture-alliance/dpa

Sur les 36.000 étudiants inscrits à l’université Humboldt, un peu moins d’une centaine n’ont pas passé leur Abitur. Les étudiants non bacheliers forment donc un groupe très confidentiel. Christoph Marschies souhaite que cela change. Le Président de l’université berlinoise veut mener une campagne de communication dans les écoles professionnelles du pays et surtout, il veut simplifier les procédures de candidature. Une fois les conditions d’expérience professionnelles remplies, le postulant doit obtenir le statut d’étudiant immédiatement. Ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle :

"Nous délivrons une inscription provisoire aux personnes qui ne sont pas détentrices de l’Abitur. Après une période de deux à quatre semestres une commission regarde si le candidat est vraiment apte à suivre les cours et à réussir les partiels. Moi je suis pour l’abolition de ce contrôle. Je souhaite que tous les étudiants quel que soit leur parcours soient traités de la même façon à l’Université."

La proposition de Christoph Marschies a été plutôt bien accueillie par les politiques comme par les autres Présidents d’université. Il faut dire que l’idée d’ouvrir davantage les portes de l’enseignement supérieur est dans l’air du temps. Car les comparaisons internationales sont sans appel : l’Allemagne forme trop peu de jeunes diplômés – 20% d’une génération, alors que la moyenne des pays de l’OCDE avoisine les 36%.

Second argument : dans un pays où l’orientation entre enseignement général et enseignement professionnel se fait très tôt – à l’âge de 10 ans, l’ouverture de l’université doit permettre une certaine démocratisation de l’accès aux études. Christoph Marschies :

"Quand vous venez d’un milieu modeste, vous avez peu de chance d’aller au lycée puis d’entamer des études universitaires. Les étudiants en Allemagne sont principalement issues des classes moyennes et supérieures. Là encore toutes les comparaisons internationales le montrent : notre pays possède une carte sociale de l’éducation très inégale."

Mais cette démocratisation voulue de tous en inquiète tout de même quelques-uns. A savoir les étudiants eux-mêmes. Même si elle n’est pas opposée au projet de son président, Alexandra, qui est en troisième semestre de sociologie, émet quelques réserves :

"Le risque ça serait peut-être que le niveau à l’université diminue. Si beaucoup de gens sans l’Abitur s’inscrivent ... ça pourrait devenir un inconvénient."

Pas d’inquiétude à avoir rétorque Christoph Marschies qui ne s’attend tout de même pas à un tel afflux d’intéressés. Et puis, ajoute-t-il, l’Abitur reste le meilleur sésame pour l’enseignement supérieur :

"Admettons que vous soyez actif dans le domaine de l’informatique, vous ne pouvez vous inscrire à l’université que dans la filière informatique. Alors que quand vous avez l’Abitur, vous pouvez étudier ce que vous voulez. "

Autre garantie : Le Président de l’université berlinoise parle de mesures limitées dans le temps. Elles doivent s’achever dès que les jeunes de milieux modestes s’orienteront plusfacilement vers l’enseignement supérieur. Le provisoire peut donc durer assez longtemps. Les mesures d’assouplissement doivent en tout cas entrer en vigueur dès le mois d’avril prochain.

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