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La Turquie durcit le cours de sa politique

Philippe Pognan
2 novembre 2016

Ces derniers jours, les autorités turques ont mis à pied plus de 10.000 fonctionnaires pour leurs liens présumés avec le prédicateur Fethullah Gülen, qui selon Ankara aurait orchestré le putsch du 15 juillet.

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Türkei Proteste wegen Verhaftungen bei der Tageszeitung Cumhuriyet
Image : picture-alliance/dpa/E. Gurel

Les autorités ont d'ores et déjà arrêté plus de 37.000 personnes et en ont renvoyé ou suspendu 100.000 autres, dans les
secteurs de la fonction publique, de la justice ou de la police dans le cadre d'une purge sans précédent. Parmi les personnes arrêtées, aussi de nombreux journalistes.

"L’arrestation et le placement en garde à vue lundi d'une douzaine de journalistes du quotidien d'opposition "Cumhuriyet", dont son rédacteur en chef Murat Sabuncu continue de faire couler beaucoup d’encre en Allemagne. La Süddeutsche Zeitung rappelle que ce journal a recu en septembre dernier le  "Right Livelihood Award", le Prix Nobel alternatif pour ses courageuses prises de position et reportages informatifs. La rédaction de Cumhuriyet rejette formellement les accusations formulées par le parquet d'Istanbul selon lequel le journal aurait coopéré avec le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen - accusé d'avoir ourdi le putsch raté en juillet- comme avec le PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan, organisation classée "terroriste" par Ankara, Washington et Bruxelles. La Süddeutsche considère ces reproches infondés et souligne qu’aujourd’hui en Turquie, il suffit d’écrire sur des thèmes politiquement délicats ou bien de contacter des sources d’information bannies par le pouvoir pour s’attirer des accusations d’activités terroristes... Les arrestations des derniers jours ne seront sans doute pas les dernières", craint la Süddeutsche

Screenshot YouTube Murat Sabuncu
Le rédacteur en chef du quotidien "Cumhuriyet", Murat Sabuncu est toujours placé en garde à vue.Image : YouTube/MARKA Konferansı
Türkei Festnahmen bei der Tageszeitung Cumhuriyet
Cumhuriyet titrait, après l'arrestation d'une douzaine de ses rédacteurs: "Un coup contre l'opposition."Image : picture-alliance/dpa/S. Suna

L'adhésion de la Turquie à l'UE remise en question 

"Il est possible que Recep Tayyip Erdogan n’ait relancé le débat sur la réintroduction de la peine de mort en Turquie que pour intimider", écrit le journal régional Rheinpfalz de Ludwigshafen: "Il est aussi pensable théoriquement que la justice abandonne ses accusations formulées contre le journal 'Cumhuriyet' et ses rédacteurs critiques vis-à-vis d’Ankara. Mais cela pourrait être trop tard pour persuader encore quelqu’un en Europe des valeurs démocratiques de ce gouvernement. L’évocation de la potence et la répression des médias montrent déjà de premières conséquences: la discussion qui avait été menée avec passion sur l’adhésion de ce grand pays musulman à l’Union européenne n’est plus du tout d’actualité!", conclut l’éditorialiste."

La Neue Ruhr/Neue Rhein Zeitung voit les choses de manière similaire: "Un pays, dans lequel la peine de mort va peut-être être réintroduite et dans lequel les répressions contre les journalistes et les opposants deviennent chaque jour un peu plus insupportables, n’a pas sa place au sein de l’Union européenne !"

Türkei Diyarbakir - Ausschreitungen kurdische Demonstration, Protest
La police réprime presque quotidiennement des manifestations kurdes. Ici à Diyarbakir.Image : Reuters/S. Kayar

"Le but du président Erdogan est clair, résume pour sa part la Nordwestzeitung : "Eliminer toute opposition et établir un système présidentiel autoritaire sans contrôle par les médias, la justice et la société civile. L’Europe doit enfin en tirer les conséquences, estime l’éditorialiste et mettre fin avec fermeté à cette folie…"

La Turquie est 151e au classement mondial de la liberté de la presse dressé par Reporters Sans Frontières (RSF) en 2016, derrière le Tadjikistan et juste devant la République démocratique du Congo…