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La transition toujours inachevée en Tunisie

Mohamed Haddad (Tunis)14 janvier 2014

Trois ans après la chute du régime Ben Ali, les problèmes sociaux-économiques demeurent entiers. L'Assemblée nationale constituante travaille d'arrache-pied pour boucler l'adoption d'une nouvelle constitution.

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La Tunisie célèbre les trois ans de la chute du président Ben Ali
La Tunisie célèbre les trois ans de la chute du président Ben AliImage : picture-alliance/dpa

Plus de la moitié du chemin est parcourue. Quelques jours encore et la constitution tunisienne sera achevée. Ce week-end, le climat était tendu à l'Assemblée Nationale Constituante. Les élus se sont penchés sur l'un des thèmes les plus sensibles : le pouvoir exécutif. Selma Mabrouk, élue de l'opposition de gauche, déplore la vue à court terme de certains élus. « On devrait quand même imaginer une constitution à long terme pour les générations à venir et non résoudre ces petites problématiques et ces tiraillements politiques dans la constitution à travers les deux articles : la révocation des députés et les conditions d'éligibilité du président de la République. »

Le parlement est en train d'adopter les derniers articles de la constitution
Le parlement est en train d'adopter les derniers articles de la constitutionImage : Fethi Belaid/AFP/Getty Images

Des islamistes consensuels

Trois ans après le départ du président Ben Ali, la transition a pris du retard, pénalisant l'économie. Trois années d'inflation galopante ont étouffé le pouvoir d'achat et fait de la Tunisie une braise. Depuis le début de 2014, plusieurs manifestations ont éclaté dans les régions de Kasserine, Thala ou Sidi Bouzid. En cause : de nouvelles taxes sur les véhicules professionnels touchant les plus défavorisés.

Ennahda, à l'origine de ces ponctions, a dû se plier. Pas le choix : après des nuits d'émeutes, des routes bloquées et d'intenses protestations. Le parti islamiste veut absolument donner une image consensuelle. Walid Bannani député modéré du parti Ennahda : « Quand on voit le résultat de toutes ces concessions, on va dire qu'Ennahda est un parti qui aime son pays. Et qui n'a pas cherché par tous les moyens à rester au pouvoir. Nous voyons les enjeux régionaux et surtout en Egypte, nous tirons des leçons afin que les expériences fâcheuses des autres n'arrivent pas en Tunisie. »

Après des mois de tergiversation, le Premier ministre Ali Larayedh a finalement démissionné
Après des mois de tergiversation, le Premier ministre Ali Larayedh a finalement démissionnéImage : Reuters

Retrait tactique

Pour éviter la fâcheuse expérience égyptienne, Ennahda multiplie donc les concessions : adoption de la parité homme/femme aux élections, abandon de la charia. Mais le geste le plus symbolique, c'est la démission du gouvernement d'Ali Larayedh pour une équipe de technocrates dirigée par Mehdi Jomaa. Sa mission: mener le pays à des élections libres et démocratiques.Walid Bannani. « Nous voulons que ces élections se passent dans un climat serein que tout le monde y participe. Qu'il n'y ait plus d'excuses pour dire que Ennahda s'acharne au pouvoir et qu'elle monopolise l'administration et les ministères, nous allons voir, nous avons confiance en notre peuple et en nos idées et programmes. »

Deux années au pouvoir ont usé Ennahda. Le retrait de l'exécutif est devenu indispensable pour se préparer aux prochaines élections, qui doivent avoir lieu cette année.