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La Somalie va devoir patienter

Bettina Rühl (Nairobi) et Sandrine Blanchard20 août 2012

Depuis plus de vingt ans, la Somalie est déchirée par la guerre civile. Le mandat des autorités de transition, soutenues par l'ONU, prend fin ce lundi, mais le nouveau président ne pourra être élu de suite.

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A woman stands holding the Somali flag as she waits to welcome back Somali Prime Minister Abdiweli Mohamed Ali at Mogadishu's Aden Adde International Airport on March 11, 2012. The Somali Prime Minister was visiting Kenya on March 10 to hold talks with government officials about how the two countries could fight Al-Qaeda linked militants of the Somali group Al-Shabab, pledging his government's commitment to working wtih the Kenyan Defense Forces. AFP PHOTO/ PHIL MOORE (Photo credit should read PHIL MOORE/AFP/Getty Images)
Somalia Frau mit FlaggeImage : PHIL MOORE/AFP/Getty Images

Depuis la chute de Siad Barré en 1991, la Somalie est rongée par la guerre civile. Les députés ont réclamé la protection de l'ONU pour se réunir afin d'élire un président, mais, faute de disposer d'une assemblée effective, le scrutin a été reporté sine die. Les Somaliens doutent du rétablissement prochain de la paix et de la sécurité dans leur pays.

Une diaspora importante au Kenya

Welthungerhilfe Horn von Afrika Somalia
La population somalienne souffre régulièrement de famineImage : AP

Dans le quartier d'Eastleigh, à Nairobi, ils sont nombreux. La plupart d'entre eux ont fui la guerre dans leur pays, pour recommencer leur vie à zéro au Kenya voisin. C'est ici qu'Abukar Sheikh Ali a ouvert son hôtel début juillet, le "Bin Ali". Une grande bâtisse, avec 114 chambres. En Somalie, à Mogadiscio, sa famille possédait un établissement encore plus grand, mais il a été détruit dans des combats par les troupes éthiopiennes.

La famille Ali a également investi à Djibouti, à Dubai, au Somaliland, au Soudan du Sud et en Ouganda. Leurs affaires sont florissantes partout, sauf chez eux, dans la capitale somalienne. Abukar Sheikh Ali explique que seuls les quartiers autour de l'aéroport de Mogadiscio sont sécurisés. Dans les autres, les milices islamistes shebabs continuent de perpétrer régulièrement des attentats:

"La sécurité ne pourra revenir à Mogadiscio et en Somalie que lorsque les gens trouveront du travail et ne seront plus obligés de gagner leur vie en s'engageant dans des milices. Cela suppose que des entreprises viennent s'installer dans le pays et y créent des emplois. Pour le moment, seuls 5 à 10% de la population touche un salaire, 95% des Somaliens sont au chômage. Pas étonnant que la sécurité laisse à désirer."

Somalia Shebab Miliz Angriff auf Hotel in Mogadischu
Attaque d'un hôtel de Mogadiscio par des shebabsImage : AP

Scepticisme mâtiné de réalisme

La plupart des Somaliens de Eastleigh sont sceptiques quant à la capacité des autorités post-transition de restaurer la paix. Emmanuel Kisangani, chercheur à l'Institut d'Etudes sur la Sécurité à Nairobi, se montre lui aussi prudent.

"Les membres des autorités de transition vont essayer de se vendre sous une nouvelle étiquette pour rester au pouvoir. Il est très vraisemblable que le nouveau gouvernement soit composé à peu près des mêmes personnes que celui de transition. Pourtant, on sait à quel point ces gens sont corrompus."

Abukar Sheikh Ali veut malgré tout garder espoir et il se dit que, même si les futurs dirigeants ne sont pas à la hauteur des attentes des Somaliens, un nouveau gouvernement vaut mieux que pas de gouvernement du tout.