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La situation au Burkina Faso reste troublée

18 avril 2011

Blaise Compaoré est confronté depuis jeudi soir à une nouvelle vague de contestation au sein même de sa propre garde présidentielle. Une contestation qui a gagné plusieurs autres villes du pays.

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Le président du Burkina Faso, Blaise CompaoréImage : picture-alliance/ dpa

Le président Compaoré a dissous le gouvernement vendredi soir et limogé le chef d'état-major des armées. Il a nommé de nouveaux chefs militaires, dont certains lui sont de fidèles compagnons depuis sa prise du pouvoir par un coup d’Etat en 1987.

Mais malgré la dissolution du gouvernement et le changement à la tête de l’armée, malgré le versement des indemnités réclamées par les soldats mutins, la gronde des militaires demeure. Après des actes de vandalisme, de pillages et des incendies perpétrés par des militaires dans la capitale Ouagadougou jeudi et vendredi, et à Pô dans le sud du pays de samedi soir à dimanche, c’est Tenkodogo, une ville de l'Est qui a été le théâtre dimanche soir de tirs en l’air de soldats.

Soldaten Burkina Faso Foto: Harjes
Image : DW/Harjes

Il n’y a pas eu là d’incendies ni de pillages, mais les militaires se sont emparés de voitures et de motos de civils. Les commerçants ont fermé boutique et les rues ont été désertées. La nuit dernière a été agitée aussi dans la ville de Kaya, dans le Nord, où des soldats et des gendarmes ont tiré en l'air dans les rues jusqu’à l’aube après avoir incendié et saccagé les domiciles de deux hauts commandants militaires.

A Koudougou, ce lundi, une manifestation d'étudiants a dégénéré : les jeunes ont incendié le siège du Congrès pour la démocratie et le développement, une résidence de l'ex-Premier ministre Tertius Zongo - limogé vendredi - ainsi que le domicile du proviseur du principal lycée de la ville. Koudougou est la ville d'où est partie la contestation après la mort d'un élève, Justin Zongo, le 20 février lors d'une manifestation. Une mort dont les circonstances ne sont pas claires.

A Pô, ville située à la frontière ghanéenne et où tous les éléments de l'actuelle garde présidentielle burkinabè ont été formés, les autorités ont engagé des négociations avec les mutins.

L’opposant Hermann Yameogo, président de l’UNDD, l'Union nationale pour la démocratie et le développement, estime que les mutineries et les actions contre le parti de Blaise Compaoré, le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès) sont révélateurs de la crise :

« Lorsque l'on s'attaque aux institutions, lorsque l'on s'attaque au CDP, on s'en prend aux hommes qui incarnent ces institutions. Donc c'est un révélateur que la crise n'est pas superficielle, mais bien profonde. C'est pour cela qu'à notre niveau, nous nous détachons de l'idée qui veut qu'il suffirait d'obtenir la démission de Blaise Compaoré pour que tout nous soit donné de surcroît. Non, il faut aller au-delà, au niveau de l'Assemblée, au niveau du gouvernement, au niveau de l'éducation, de l'armée elle-même et il n'y a que la refondation sincère qui ouvre la prespective d'une transition vers une Vème république... »

Denkmal Ouagadougou Foto: Harjes
Ouagadougou, la capitale, a vécu des heures difficiles en fin de semaineImage : DW/Harjes

Dans la capitale Ouagadougou, où des commerçants avaient incendié plusieurs édifices publics, dont le siège du CDP, pour protester contre les pillages des mutins, la situation semblait de nouveau calme ce lundi matin après un couvre-feu. Calme apparent aussi dans les autres villes. Les habitants vaquent à leurs occupations et la plupart des banques et des services publics ont rouvert leurs portes.

Au pouvoir depuis 1987, le président Blaise Compaoré se voit confronté depuis février déjà à une vague de contestation articulée par une partie croissante de la population, jeunes, magistrats, militaires et commerçants. Les violences de ces derniers jours auraient fait au moins une cinquantaine de blessés.

Auteur : Philippe Pognan
Edition : Marie-Ange Pioerron