1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW
Histoire

La princesse Yennenga : ancêtre du peuple Mossi du Burkina

Richard Tiéné
10 mars 2022

La princesse Yennenga a laissé un héritage prégnant au Burkina Faso en poursuivant son rêve de jeune femme.

https://p.dw.com/p/3s0ob
La princesse Yennenga,amazone rebelle contre le patriarcat
La princesse Yennenga,amazone rebelle contre le patriarcat

Racines d'Afrique : la princesse Yennenga

Elle est connue de tous ou presque au Burkina Faso. Les références à sa personne sont omniprésentes : sur le drapeau, dans le football ou encore au festival du film panafricain de Ouagadougou, le FESPACO. La princesse Yennenga, mère du peuple Mossi, est née entre le 11ème et le 15ème siècle, les historiens ne s'accordent pas sur la date de naissance exacte. Elle était la fille préférée du Naba Nedega. Il régnait sur le royaume de Dagomba, situé dans l'actuel Ghana.

Qu'est-ce que la princesse Yennenga a de si particulier ?

La tradition orale raconte que le cheval était l'animal préféré de la princesse depuis son adolescence. Après plusieurs tentatives, Yennenga a réussi à convaincre son père de la laisser monter à cheval, un privilège normalement réservé uniquement aux hommes du royaume. La princesse a alors prouvé qu'elle était non seulement une brillante cavalière mais aussi une guerrière redoutable.

Elle est meilleure cavalière que ses frères et les guerriers
Elle est meilleure cavalière que ses frères et les guerriers

Belle jeune femme à la silhouette mince et élancée, Yennenga séduisait aussi les cœurs. Mais son père refusait de donner sa fille préférée en mariage. Frustrée et solitaire, Yennenga attendit le bon moment pour fuir. Mais là encore, il existe plusieurs versions de l'histoire. Une seconde raconte que lors d'une des batailles, son cheval blessé et effrayé, s'est enfuit loin dans la brousse. "La pauvre jeune femme ne savait pas où ils allaient à deux", explique Paceré Titenga, un chef traditionnel. "Jusqu'à ce que le cheval s'arrête dans une hutte. Un chasseur d'éléphants nommé Rialé y vivait."

De la rencontre naîtra une véritable union. Et un fils, nommé Ouédraogo, ce qui signifie "cheval mâle" en langue mòoré. Un hommage au cheval qui a rendu possible leur histoire d'amour. Les Ouédraogo sont les ancêtres du peuple Mossi, le plus grand groupe ethnique du Burkina Faso.

Un fils cavalier

Yennenga et Rialé ont un fils qu’ils nomment Ouédraogo
Yennenga et Rialé ont un fils qu’ils nomment Ouédraogo

Pour faire la paix avec son père, Yennenga enverra son fils à Gambaga. Le père Naba Nedega était alors encore furieux. Mais il finira par accepter les excuses de sa fille. Plus tard, quand il quittera le royaume de son grand-père, Ouédraogo sera escorté par une horde de guerriers et recevra beaucoup de cadeaux. De retour chez ses parents, le prince et ses guerriers fondent le village de Morosi, berceau du royaume et du peuple Mossi.

Quel héritage laisse la princesse Yennenga ?

Le portrait audio de la princesse Yennenga

De nombreux artistes burkinabè rendent toujours hommage à la princesse aujourd'hui, prouvant l'importance symbolique de sa personne. Yili Nooma, musicienne burkinabè parle par exemple d'une "femme audacieuse et sans peur, une Amazone, une guerrière à laquelle nous, en tant que femmes, voulons ressembler". Le choix du nom de la princesse pour son premier album était "une façon de dire que nous sommes les Yennenga d'aujourd'hui". 

L'héritage de la princesse est également maintenu en vie grâce à "l'Étalon d'or de Yennenga", le grand prix du festival du cinéma africain FESPACO. La monture de la princesse figure également sur l'emblème national du Burkina. Le surnom de l'équipe nationale "les Étalons" fait également référence à la princesse, ainsi que l'ASFA Yennenga, un club de football de première division, dans la ligue nationale de football. A quinze kilomètres de la capitale burkinabè, une nouvelle ville verte et durable est même en train de voir le jour. Son nom : Yennenga.

_________________________________

Les professeurs Doulaye Konaté, Christopher Ogbogbo et Lily Mafela ont contribué à la réalisation de ce récit qui fait partie de la série "Racines d'Afrique". Une série de la Deutsche Welle, en coopération avec la fondation Gerda Henkel.