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La paix signée en Colombie

26 septembre 2016

Après 52 ans de conflit, les rebelles des FARC et le gouvernement signent ce lundi un accord de paix. Reste à assurer la réintégration des 7500 combattants dans la société - et en politique.

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Les 7500 combattants des FARC vont retourner à la vie civile
Les 7500 combattants des FARC vont retourner à la vie civileImage : picture-alliance/AP Photo/R. Mazalan

C'est un nouveau chapitre qui s'ouvre dans l'histoire de la Colombie. Après 52 ans de rébellion, les Forces armées révolutionnaires, les FARC, doivent signer lundi soir un accord de paix avec le gouvernement. Un moment accueilli dans la joie, mais qui laisse nombre de Colombiens amers également, des sentiments illustrés dans cette phrase qui circule en Colombie: "même une mauvaise paix vaut mieux que de continuer la guerre". Les Colombiens sont forcés de rester lucides sur les défis qui attendent le pays, explique le parlementaire allemand Tomas Königs, qui a été chargé par le gouvernement allemand de suivre le processus de paix: "C'est un jour de fête. Mais il se pose maintenant la question de la mise en œuvre. Un Colombien sur dix, sûrement davantage, ont subi directement les conséquences de la crise. Pour beaucoup, des conséquences terribles. Cela a profondément marqué le pays".

Le trafic de drogue, business lucratif

Dans ses grands axes, l'accord de paix prévoit des réformes agraires, notamment pour permettre aux quelque six millions de déplacés de retrouver leurs terres. Le désarmement des rebelles et leur réintégration dans la société sont toutefois les grands enjeux à venir, et concentrent les débats. Les enjeux dépassent les frontières colombiennes. La femme politique franco-colombienne Ingrid Betancourt, enlevée par les FARC en 2002 alors qu'elle était en campagne pour la présidentielle, est restée otage de la rébellion pendant six ans, dans la jungle. Elle a choisi le pardon, sans se faire d'illusions sur l'avenir: "Nous avons déjà vécu ce genre de processus, avec les groupuscules paramilitaires. Cela s'est terminé en fiasco. Beaucoup d'entre eux ont changé d'étiquette. Ils sont devenus des organisations criminelles. Ils menacent la sécurité publique, non seulement en Colombie mais aussi ailleurs en Amérique latine, comme au Brésil ou au Mexique".

Les FARC contrôlent 60 à 70 pourcents du trafic de drogue en Colombie. Ils ont promis d'y renoncer dans le cadre de l'accord de paix, une perspective inquiétante quand l'on sait que cet accord leur permettra également d'entrer en politique – dès les législatives de 2018. Un minimum de cinq sièges leur est garanti, dans chacune des deux Chambres du parlement. Autre point qui fâche, la justice. Tomas Königs explique que "le tribunal spécial a fixé à huit ans de réclusion la peine la plus importante prévue pour un ancien guérillero qui avouerait un massacre. Et ces peines pourront être purgées en dehors d'une prison". La dernière étape pour sceller la fin du processus de paix doit avoir lieu dimanche prochain 2 octobre 2016, le référendum de ratification.