1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

La longue marche indépendantiste des Kurdes

Fréjus Quenum | Matthias von Hein
26 septembre 2017

C'est un référendum qui n'a pas de poids juridique mais les Kurdes d'Irak étaient aux urnes lundi pour dirent s'ils veulent ou non être indépendants du pouvoir central. Un casse-tête pour Bagdad et pour la région.

https://p.dw.com/p/2kgH2
Irak Kurden stimmen über Unabhängigkeit ab
Image : Reuters/T. Al-Sudani

"Le pouvoir de Bagdad n'est pas suffisamment stable" (Carina Schlüsing)

 

Combien sont ils? Les Kurdes seraient au nombre de 35 millions au total répartis entre plusieurs pays du Moyen-Orient tels que la Turquie, l'Iran, la Syrie et l'Irak. Les Kurdes ont certes des divisions internes liées aux appartenances claniques ou à l'idéologie politique. Mais une chose les unit: c'est leur fort sentiment nationaliste.

Leur voeu d'indépendance est vieux d'un siècle environ. Les Kurdes ont même un drapeau tricolore. Rouge-blanc-jaune avec le soleil au milieu. Mais jamais l'aspiration à un Etat n'a été complètement réalisée. Aujourd'hui, l'envie d'indépendance des Kurdes irakiens "est devenue irrépressible, explique Fehrad Seyder. Pour ce spécialiste des études kurdes, "les opinions sont surchauffées. Barsani n'a pas autre choix que d'ouvrir la voie à un référendum. Beaucoup de choses sont en jeu: sa propre crédibilité ainsi que celle de son parti et la demande du peuple."

 

Massud Barsani
Massud Barsani, président de la région autonome kurde d'IrakImage : picture-alliance/dpa/M. Hitji

Un référendum sans poids juridique

Massud Barsani, dont il est question, est le président de la région kurde d'Irak, autonome depuis 26 ans. Et il ne se fait aucune illusion. Barsani a indiqué qu'un Oui au référendum ne déboucherait pas automatiquement sur l'indépendance. Cela serait, dit-il, le point de départ de sérieuses négociations avec le pouvoir central irakien. D'autant plus que le résultat du référendum n'a aucun poids juridique.

À Bagdad, le pouvoir central brandit la menace d'une intervention militaire en cas de troubles. Une semaine avant le vote, la cour suprême avait aussi interdit la tenue du référendum.

 

Irak Tawke Ölfeld
L'or noir au cœur des enjeux stratégiques dans la régionImage : picture-alliance/dpa

L'enjeu pétrolier

En fait, Bagdad craint que les Kurdes n'entraînent dans leurs revendications certains territoires où il y a du pétrole. Or, avec ses divisions religieuses et ethniques internes, il n'est pas certain que Bagdad mette sa menace à exécution.

C'est ce que souligne Carina Schlüsing. Cette experte travaille pour un centre de consultation dans la gestion des conflits basé à Bonn et elle rentre d'un voyage dans le Nord irakien. "Le pouvoir de Bagdad est totalement dysfonctionnel" indique-t-elle avant de poursuivre "il n'est pas suffisamment stable pour prétendre être un pôle de contrôle du territoire."

Outre le régime de Bagdad, les Etats-Unis et l'Iran ont exprimé de sérieuses inquiétudes face au référendum. La Syrie et la Turquie qui se heurtent à la même revendication kurde désapprouvent le souhait d'indépendance. Dans la région, seul Israël est favorable aux efforts indépendantistes des Kurdes irakiens.

 

Photo de Fréjus Quenum à côté d'une carte du monde
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum