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La ligne Siegfried, mythe en béton de l'Allemagne nazie

14 juin 2007

Mai 1938. Hitler lance l'une des plus grandes opérations de propagande nazie de la seconde Guerre Mondiale: la ligne Siegfried, un gigantesque mur d'acier et de béton fortifié par des bunkers, destinée à protéger le front occidental. Ce que les Allemands surnomment le "Westwall" (le mur de l'Ouest) devint un mythe, celui de l'invincibilité allemande. Aujourd'hui, les bunkers, transformés en musées, sont contestés: doit-on y voir la muséification d'une idéologie nazie?

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Un ancien bunker de la ligne Siegfried transformé en musée, dans la région de la Sarre.
Un ancien bunker de la ligne Siegfried transformé en musée, dans la région de la Sarre.Image : westwallmuseum

Une ligne jalonnée de 18 000 bunkers, s'étalant sur 320 km, de la Suisse aux Pays Bas. La construction puis la fortification de la colossale ligne Siegfried a nécessité la mobilisation d'un demi-million de travailleurs pour acheminer acier et béton. Le mur doit alors, face à la ligne Maginot, symboliser la puissance industrielle allemande.

Au-delà, c'est le mythe d'une Allemagne invincible, le mirage d'un territoire imprenable, que la ligne Siegfried doit forger. Un thème de propagande qui sera largement utilisé par Hitler pendant la seconde Guerre Mondiale.

Les anciens bunkers de ce mur de protection, aujourd'hui recyclés en musées privés, posent le problème de la perpétuation de ce mythe qui a fasciné en son temps. Et au-delà, de l'idéologie nazie. Beaucoup de ces petits musées apparaissent comme douteux, car l'accent est en effet mis sur les armes et les uniformes du IIIe Reich. Pour Franck Möller, spécialiste de la question, la mise en scène de ces musées tient presque du révisionnisme. En effet, le contexte de la ligne Siegfried est complètement effacé: cette fortification a été construite dans un contexte rasciste d'extermination des peuples de l'Est. A l'Ouest, elle couvrait donc les arrières de l'Allemagne et empêchait la constitution d'un second front. Si les nazis l'ont toujours présenté comme une ligne de défense, le "Mur de l'Ouest" s'inscrivait en fait dans un contexte offensif de guerre. Et c'est justement le fait de ne pas mettre ce contexte en avant qu'on reproche aux musées.

Pour Günther Wagner, propriétaire d'un petit musé près de Karlsruhe, il s'agit juste de montrer, et les gens veulent voir. Et c'est bien là la fonction de tout musée.

Ces musées-bunkers ne sont visités que par une centaine de personnes par an, et pour l'heure, on nourrit le projet d'en faire des sanctuaires écologiques... pour les chauves-souris.

Dans cette édition également, l'Eglise orthodoxe russe peut-être pas en odeur de sainteté, mais en plein renouveau:

Cette année, l'Eglise orthodoxe russe s'est officiellement réconciliée avec sa "soeur", l'Eglise orthodoxe des exilés de Russie. Et ce, après plus de 80 ans de schisme, provoqué, au début des années 20 par le bolchévisme et l'exil des Russes Blancs. Vladimir Poutine a fait le déplacement pour célébrer cette réconciliation. Il se pose en réunificateur des deux églises de Russie, plus symboliquement, des deux Russies: la blanche et la bolchévique.

Une page se serait-elle enfin tournée sur la période comuniste? Pas vraiment. Des tensions subsistent encore entre les deux communautés. L'Eglise des exilés ne pardonne pas à sa soeur aînée d'avoir officiellement reconnu le régime communiste dès 1927. Aujourd'hui encore, l'Eglise de Russie serait beaucoup trop proche du pouvoir en place...

Encore et toujours des schismes... si l'Eglise de Russie s'est réconciliée avec l'une de ses soeurs, le dialogue est quasi inexistant avec l'autre, l'Eglise de Constantinople. A tel point que l'actuelle Istanbul entretiendrait de meilleures relations avec Rome qu'avec Moscou. A l'origine de cette tension: la légitimité et l'authenticité que veut avoir le patriarcat d'Istanbul en revendiquant l'origine du schisme d'origine, celui de 1054, avec l'Eglise romaine. Or, la petite communauté orthodoxe de Turquie ne compte plus qu'une poignée de fidèles en terre d'Islam, tandis que l'Eglise de Moscou, avec ses 90 millions de fidèles, est beaucoup plus puissante.

Retrouvez aussi, dans cette édition, le carnet de voyage et le portrait du jour.