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La Libye ou le droit d'ingérence...

29 mars 2011

Aujourd'hui, si les commentateurs dans la presse allemande reviennent en majorité sur le résultat des élections régionales du week-end dernier, les journaux se penchent aussi sur le dossier libyen.

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Les frappes aériennes opérées par les partenaires de l'Alliance atlantique en Libye ont permis aux rebelles de progresser.Image : AP

À Benghasi, les rebelles commencent à mettre sur pieds un nouveau gouvernement, rapport la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Certes, ils ont peu d'expérience en la matière, mais leur objectif est clair : ils veulent être meilleurs que le régime de Khadafi et mettre fin à 42 ans de violations massives des Droits de l'Homme. Même analyse dans la Süddeutsche Zeitung. Puisque la situation militaire a désormais basculé, il convient de respecter les termes de la résolution des Nations-Unies qui vise non pas le renversement du dictateur, mais la protection des populations civiles. La réunion d'aujourd'hui à Londres entre les représentants de l'OTAN, de l'Union africaine et de la Ligue arabe démontre qu'il est temps de repolitiser la situation. Désormais, la Libye est à la recherche d'un nouvel ordre. Ses voisins africains et arabes doivent être intégrés à ce processus. Et les leaders des forces rebelles doivent sortir de l'anonymat et assumer leurs responsabilités.
Dans ce contexte, la Tageszeitung de Berlin ouvre ses colonnes à Uri Avnery, fondateur du Mouvement pacifiste israélien « Gusch Shalom ». Dans son commentaire de la situation en Libye, il n'hésite pas à dire : pour éviter un génocide, je suis prêt à pactiser avec le Diable. La non-ingérence est pour moi une injure depuis que la communauté internationale a laissé tomber la jeune République espagnole dans sa lutte contre Franco. L'ingérence directe a permis de juger Milosevic pour crimes de guerre devant le Tribunal International de La Haye. Pour moi, la doctrine de la non-ingérence dans les affaires intérieures d'un pays s'arrête là où commence le génocide et les massacres. Elle doit être enterrée avant que n'apparaisse l'odeur des cadavres. Terminons par die Welt, qui publie un essai de l'écrivain français André Glucksmann intitulé : « Nous avons le devoir de protéger ». Si les guerres sont toujours impitoyables et toujours injustes, certaines s'avèrent toutefois nécessaires. L'intervention militaire en Libye concerne également notre avenir. Il critique aussi l'attentisme de certains états, dont l'Allemagne qui vend des armes mais refuse de les utiliser, tentant ainsi de sauver à la fois la morale et les affaires. Pour le philosophe français, il ne s'agit pas d'agir à la place de la population, il faut seulement lui donner la possibilité d'agir elle-même de décider de son destin, à ses risques et périls. Notre siècle est loin de s'être débarassé de ses dictateurs aux mains sanglantes. Ceux-ci doivent pourtant prendre conscience que leurs crimes se trouvent sous l'épée de Damoclès qu'est la « nécessité de protéger les populations sans défense ».

André Glucksmann
Le philosophe français André Glucksmann plaide en faveur du « devoir de protection des populations sans défense ».
Hillary Clinton mit David Cameron in London vor Libyen Konferenz
David Cameron et Hillary Clinton reçoivent les participants à la conférence internationale sur la crise libyenne.Image : AP

Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Konstanze von Kotze