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La légende du chômeur paresseux

26 janvier 2010

Dans les journaux de ce mardi, la nouvelle stratégie allemande en Afghanistan, la hausse des cotisations de santé et les dérives du système social en Allemagne...

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Hartz IV, du nom de la réforme qui a réuni allocations chômage et aide sociale, "rend triste" selon cette manifestanteImage : AP

Et on commence par un avertissement de la Süddeutsche Zeitung : la mission allemande en Afghanistan va devenir plus dangereuse. Les troupes de la Bundeswehr vont en effet devoir quitter leurs bases pour protéger la population. Il est également prévu qu'elles forment davantage les forces afghanes. Pour le journal, le ministre de la Défense Karl-Theodor zu Guttenberg ne joue pas franc jeu : il est clair qu'une protection rapprochée va exposer les soldats à de nombreux dangers. Et si les Allemands doivent aller sur le terrain aux côtés des soldats afghans, ils seront aussi obligés de se battre et risquent eux-mêmes d'être tués.

Waffen in Afghanistan
L'Allemagne prévoit d'envoyer 500 soldats supplémentaires et de modifier leur mission sur place...Image : DW

Face aux dangers encourus par les soldats allemands en Afghanistan, la hausse annoncée des cotisations d'assurance-maladie peut sembler dérisoire. Et pourtant, elle fait la Une de la plupart des quotidiens. Huit euros, c'est le montant de cette augmentation décidée par huit caisses publiques. Des millions d'assurés vont devoir passer à la caisse, écrit Die Welt, estimant toutefois que les cotisations complémentaires ne sont pas une mauvaise chose en soi, à condition qu'elles soient compensées par des prestations équivalentes. La Märkische Allgemeine dénonce pour sa part une mesure socialement injuste : l'assuré qui gagne 4.000 euros par mois va payer les mêmes huit euros que celui qui vit de l'aide sociale...

in der Agentur für Arbeit in Leipzig
Des chômeurs à l'agence pour l'emploi de LeipzigImage : picture-alliance/ dpa/dpaweb

A propos d'aide sociale justement, un débat agite les éditorialistes : Roland Koch, ministre-président de la région Hesse, a dénoncé la semaine dernière dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le fait que certains bénéficiaires de l'aide sociale touchent sans rien faire des revenus à peu près équivalents à ceux de millions de travailleurs à faibles salaires. Aujourd'hui, la Frankfurter Allgemeine lui prête main forte en affirmant que Roland Koch n'a fait que mettre le doigt sur les dérives du système social. Et le journal de souligner que si l'immigration a plus que doublé depuis 1970 en Allemagne, le nombre d'étrangers ayant un travail fixe a, lui, stagné.

Comme on pouvait s'y attendre, ce genre de thèses hérissent le poil de la tageszeitung, qui consacre sa Une à la "légende du chômeur paresseux". Le journal s'insurge contre les attaques sous la ceinture des responsables politiques contre les soi-disants profiteurs du système. Et affirme : ce n'est pas un hasard si Roland Koch accuse les plus démunis d'arnaquer la collectivité et de mettre en danger l'Etat social. Cela fait partie de la tactique politique : les conservateurs et les libéraux préparent le terrain pour une refonte du système de redistribution, qui valorise le travailleur et discrédite celui qui croise les bras sans rien faire - ce qui permet aisément de réduire l'aide sociale à ce dernier.

Auteur : Anne Le Touzé
Rédaction : Elisabeth Cadot