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La désignation d’al-Sissi diversement perçue

11 février 2019

Le président rwandais Paul Kagame a passé le témoin à son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, à la tête de l’Union africaine pour un mandat d’un an. Mais l’arrivée du président égyptien est vivement critiquée.

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Äthiopien Gipfeltreffen der Afrikanischen Union in Addis Abeba Übergabe AU-Vorsitz
Image : Getty Images/AFP/S. Maina

"Abdel Fattah al-Sissi n’est pas le seul dictateur à avoir accéder à cette fonction" (Kader Abderrahim-politologue)

De nombreuses voix dénoncent le choix porté sur Abdel Fattah al-Sissi à la présidence tournante de l'UA. L'actuel chef d'Etat égyptien est arrivé au pouvoir par un coup de force qui a renversé son prédécesseur en 2013, l’islamiste Mohamed Morsi, élu un an plus tôt.

Depuis, al-Sissi dirige l'Egypte d’une main de fer. Les manifestations contre son régime sont interdites. Quand elles ont lieu, elles sont réprimées dans le sang.

Dans le viseur de son régime, les Frères musulmans. Ce qui fait dire à Harold Leckat, juriste et politologue, qu'Abdel Fattah al-Sissi n’est pas un bel exemple à suivre sur le continent.

D’autres analystes se montrent cependant cléments envers le président égyptien. C'est le cas du politologue Roger M’Gbama. Celui-ci pense qu'Abdel Fattah al-Sissi n’est pas le premier chef d’Etat africain réfractaire à la démocratie et au respect des droits de l’Homme à occuper cette fonction à la tête de l’organisation panafricaine.

"Malheureusement, il n’y a pas que le régime du président égyptien sur le continent africain qui ne soit pas très recommandable. Si on commence à dire non, on n’accepte pas celui-ci parce qu’il n’est pas un démocrate, ou parce qu’il ne respecte pas les droits de l’Homme, vous savez, on risque de se retrouver avec une présidence tournante qui sera limitée à 4 ou 5 chefs d’États sur le continent africain. Et ce qui enlèvera encore plus de légitimité à cette institution qui n’en a déjà pas beaucoup", ajoute Kader Abderrahim, maître de conférences à l’Institut d'études politiques de Paris.

L’ONG Amnesty International a exprimé ses craintes quant à l'impact de la présidence du numéro un Egyptien sur les mécanismes d'évaluation des droits humains en Afrique.

L'organisation a accusé l'Egypte d'avoir mené ces dernières années des attaques politiques haineuses contre la Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples.

Allié des Occidentaux

Pourtant, Abdel Fatah al-Sissi s’est fait réélire confortablement en 2014 et en 2018, sans véritable adversaire. Comme Hosni Moubarak, déchu en 2011 à la faveur d’une révolte populaire, le maréchal al-Sissi a érigé le culte de sa personnalité en système de gouvernance. 

Au fil des ans, il est devenu l’un des chantres de la lutte contre le terrorisme et l’émigration. Les pays occidentaux voient en lui un allié précieux et lui apportent leur soutien financier, diplomatique et militaire.

Selon nos informations, entre 2016 et 2017, la France a été le tout premier fournisseur d’armes à l’Egypte devant la Russie.

Ses priorités

Dans son tout premier discours à la tête de l'UA, Abdel Fattah al-Sissi a résumé ses actions à la tête de l’organisation en trois axes:

- le développement  des infrastructures,

- l’accélération et l'entrée en vigueur de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC),

- et la  création d'emplois pour la jeunesse du continent.


"La voie est encore longue" en vue d'atteindre l'objectif de l'UA de "faire taire les armes" d'ici à 2020 sur un continent traversé par de nombreux conflits, a poursuivi Abdel Fattah al-Sissi.

Le nouveau président en exercice de l'UA a annoncé l'organisation d'un "forum pour la paix et le développement" à Assouan (Egypte) dans le courant de l’année  2019.

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona