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La démocratie ne tombe pas du ciel

Konstanze von Kotze
21 août 2017

On a beaucoup voté, en août, en Afrique. L'occasion pour la presse germanophone de dresser un bilan de l'état de la démocratie sur le continent. L'attentat de Ouagadougou est également à la Une.

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Kenia Wahlen
A Nairobi comme ailleurs, les électeurs ont fait la queue parfois pendant plusieurs heures pour pouvoir voterImage : Reuters/M. Eshiwani

Le mois d'août ressemble à un véritable marathon électoral, écrit l'éditorialiste de la Frankfurter Allgemeine Zeitung : des citoyens se sont rendus aux urnes au Sénégal, au Rwanda et au Kenya. Et n'oublions pas l'Afrique du Sud où le président Jacob Zuma a échappé de justesse à une motion de défiance présentée par l'opposition au Parlement.

Ces quatre votes constituent un excellent aperçu de l'état de la démocratie sur le continent, estime le journal. Ils mettent notamment en évidence que le multipartisme est un phénomène encore relativement récent dans la plupart des Etats africains. Paul Kagame n'est sûrement pas un modèle en matière de démocratie mais le président rwandais a raison sur au moins un point, écrit la FAZ : la démocratie n'est pas un état que l'on allume comme une lumière en tournant un interrupteur. La démocratie est avant tout un processus.

Le spectacle fascinant des élections

Le sérieux et la ferveur des citoyens quand ils se rendent aux urnes, fait plaisir à voir en comparaison avec la lassitude politique observée dans les pays industrialisés, note le journal de Francfort. Malheureusement, les dirigeants africains ne méritent pas leurs électeurs. En refusant d'accepter sa défaite, l'opposant kenyan Raila Odinga apporte une nouvelle preuve à cette thèse. Heureusement, pense le quotidien, dans quelques semaines, plus personne au Kenya ne parlera de lui.

Ruanda Präsidentschaftswahlen Wahllokal in Kigali
Dans beaucoup d'Etat africains, le multipartisme n'existe que depuis les années 90Image : Reuters/J. Bizimana

Savoir nuancer le scrutin au Kenya

La Neue Zürchner Zeitung titrait lundi dernier "les élections au Kenya se terminent à nouveau par un désastre", référence aux violences qui ont suivi les scrutins et au fait que l'opposant du président Uhuru Kenyatta refuse de reconnaître les résultats.

Cela dit, ce même journal, dans un éditorial daté de vendredi appelle aussi à la nuance. Il est facile, écrit le quotidien suisse, de voir tout en noir et bien-sûr ce scrutin n'a pas été parfait. Mais il serait erroné de parler d'échec complet. Ces élections ont non seulement été tendues et explosives. Elles ont aussi probablement été les plus transparentes et les plus correctes de l'histoire du pays. Sans compter qu'une participation supérieure à 80% est une preuve évidente de l'implication politique de la population. Oublier ces deux éléments c'est oublier les citoyens qui ont fait la queue, parfois pendant des heures devant les bureaux de vote, pour décider de l'avenir de leur pays de façon démocratique. 

Le Burkina toujours vulnérable

Plusieurs journaux relèvent que ce n'est pas la première fois que ce pays d'Afrique de l'Ouest est pris pour cible par les terroristes. die Tageszeitung parle de "Déjà-vu" et estime que l'attaque du café-restaurant Aziz Istanbul montre une fois de plus que les unités de la police et de l'armée qui sont détachées dans le nord du pays, à la frontière malienne, sont dépassées.

Burkina Faso Tag nach dem Angriff in der Kwame Nkrumah Avenue in Ouagadougou
Dix-huit personnes, neuf Burkinabè et neuf étrangers, ont péri ici dimanche soirImage : Reuters/B. Pare

Sur le papier, l'idée de G5 Sahel n'est pas mauvaise. Mais personne ne dit concrètement à quelle date la force régionale conjointe sera effective, à quel point ses troupes seront préparées à lutter contre les terroristes ou tout simplement ce qu'elles devront faire exactement, écrit le journal.

Même si elle n'a toujours pas été revendiquée à l'heure où nous enregistrons cette revue de presse, plusieurs experts interrogés par der Tagesspiegel estiment qu'il est plausible que les commanditaires soient issus des rangs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique. Ces mêmes experts avertissent : même si les médias se concentrent actuellement sur l'Etat islamique, il ne faut en aucun cas sous-estimer AQMI. En Allemagne, des responsables de la sécurité vont même jusqu'à dire que l'organisation terroriste est bien plus forte aujourd'hui que lors des attaques de 2001, aux Etats-Unis.