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La BCE ressort la planche à billets

Jean-Michel Bos7 septembre 2012

La Banque centrale européenne a annoncé jeudi qu'elle va lancer un nouveau plan de rachats d'obligations "illimité". Une manière de rassurer les marchés. Mais les conditions, selon les vœux de Berlin, seront strictes.

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President of European Central Bank Mario Draghi listens to questions during a news conference in Frankfurt, Germany, Thursday, Sept. 6, 2012, following a meeting of the ECB governing council on the European financial crisis. (Foto:Michael Probst/AP/dapd)
Mario DraghiImage : AP

Le président de la BCE, Mario Draghi a eu à cœur de rassurer les marchés en parlant de moyens illimités. D'ailleurs, la décision était très attendue puisqu'au mois d'août, Mario Draghi avait déjà promis que la réaction de la BCE serait « adéquate », qu'elle serait à la hauteur. La BCE va donc réactiver son Programme de sécurité des marchés qui était en sommeil depuis le mois de mars. Un programme déjà utilisé depuis mai 2010 pour racheter sur le second marché pas moins de 210 milliards de dettes souveraines.

Un programme ressuscité au grand dam de Jens Weidmann, le patron de la Bundesbank, qui considère que la BCE trahit son mandat qui lui interdit de renflouer les États. Celui-ci avait d'ailleurs menacé de démissionner avant d'être rattrapé in extremis par le gouvernement allemand. Car Jens Weidmann, en solide défenseur de l'ordolibéralisme allemand, est convaincu que faire marcher la planche à billets est néfaste car créateur d'inflation. Et les Allemands, depuis les années 1930, ont conservé une peur quasiment génétique de l'inflation.

Une aide sous conditions

File picture shows Jens Weidmann, President of German Bundesbank at the Generation Euro Students' Award ceremony at the European Central Bank (ECB) headquarters in Frankfurt June 20, 2012. A German government spokesman said on August 31, 2012 that Chancellor Angela Merkel and Bundesbank President Jens Weidmann talk regularly on the phone, but he declined to comment on a report that the country's top central banker had threatened to resign. Picture taken June 20, 2012. REUTERS/Alex Domanski/File (GERMANY - Tags: BUSINESS EDUCATION)r
Le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, s'est opposé au programme jusqu'au boutImage : Reuters

Mais une fois encore ce sont les détails qui comptent. Tout d'abord, Mario Draghi a refusé de brandir l'arme atomique, à savoir de garantir une intervention de la BCE dès que les spreads, c'est-à-dire les écarts de taux d'emprunts entre les États, seront trop importants. Il faut rappeler que si l'écart de taux d'intérêts entre l'Allemagne et la Grèce était de deux points avant la crise il est de 22 points aujourd'hui et ce fossé qui se creuse menace l'Union monétaire.

Enfin, Mario Draghi a répété que la Banque centrale européenne agirait de concert avec le Mécanisme européen de stabilité, c'est-à-dire la fameux parapluie financier qui devrait entrer en fonction d'ici quelques semaines. En clair : seuls les États qui accepteront de se placer sous la protection de ce parapluie – et qui accepteront donc les conditions drastiques de réductions des déficits publics qui accompagnent ces prêts – seuls ces États donc auront droit à l'aide de la BCE.

Bref, comme le rappelle la chancelière allemande Angela Merkel : aider oui mais jamais sans conditions. Cette décision de la Banque centrale européenne était la première d'une longue série. Car l'automne va être chargé en Europe avec les projets d'Union bancaire et la réforme du Marché unique. Ne manquez surtout pas les prochains épisodes !

Rôle controversé de l'Allemagne

German Chancellor Angela Merkel (R) gestures next to Spain's Prime Minister Mariano Rajoy as they pose before their meeting at Moncloa Palace in Madrid, September 6, 2012. REUTERS/Andrea Comas (SPAIN - Tags: POLITICS BUSINESS)
Mercredi, la chancelière Angela Merkel a rencontré à Madrid le Premier ministre espagnol, Mariano RajoyImage : Reuters

L'Allemagne adopte dans cette crise de l'euro une attitude souvent critiquée. L'Allemagne qui dit non, l'Allemagne qui ne veut pas payer pour les pays endettés, l'Allemagne qui manque d'empathie et de vision à long terme... Mais ce rôle dominant tout en conservant ses distances est typique de l'Allemagne qui se méfie d'un éventuel statut de leadership. Ceci pour des raisons historiques évidentes et le fait que la Grèce ressorte dans les négociations en cours la question des réparations pour les crimes commis par les nazis est hélas emblématique du climat délétère qui règne en Europe.

Peut-on dire finalement que Berlin a souvent raison dans cette crise mais dans le fond présente très mal ses idées ? Il ne s'agirait donc pas seulement d'avoir raison mais aussi de comment avoir raison.

C'est la question que nous avons posée à Claire Demesmay, de la DGAP à Berlin, la Fondation allemande pour la politique étrangère.

Marche des réfugiés

Nous allons en Bavière, dans le sud de l'Allemagne. Où des réfugiés s'y sont rassemblés pour débuter une action spectaculaire, jamais organisée en Allemagne : une marche de protestation contre leurs conditions de vie en tant que réfugiés.

Au cours des quatre prochaines semaines, les 600 kilomètres qui séparent la ville de Würzburg, en Bavière, de celle de Berlin, la capitale, vont ainsi se transformer en une manifestation permanente et à ciel ouvert.

Un reportage d'Isabelle Hartmann.

CARREFOUR EUROPE (07.09.2012) - MP3-Stereo