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Kidal se prépare au retour de l'armée malienne

Baba Ahmed
29 janvier 2020

Après presque six années d'absence, le retour de l’armée dans ce bastion de la rébellion est fixé pour le 1e février.

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Le drapeau du MNLA peint sur un mur en 2013 dans la ville de Kidal.
Le drapeau du MNLA peint sur un mur en 2013 dans la ville de Kidal.Image : Kenzo Tribouillard/AFP/Getty Images

"On peut espérer qu’il n’y aura pas d’incidents" (préfet de Kidal)

L’armée malienne avait quitté Kidal au printemps 2014 suite aux combats qui l’ont opposé à la rébellion touareg. Près de 6 ans après, les populations de Kidal sont partagées entre le souhait d’une normalisation mais aussi une certaine hostilité vis-à-vis de l’armée malienne.

Rassemblé au siège d’une ONG à Kidal, un groupe d’homme discute de ce retour imminent. Depuis l’annonce, la ville vit au rythme des rumeurs, à l'image de ce témoignage d'Attayoube Ag Albachar, un responsable du mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA)

"Encore aujourd’hui, il y a eu un audio WhatsApp très ancien qui a été publié  mais qui date de l’arrivée des Fama (Forces armées maliennes) en 2013-2014. Certains l’ont pris comme une nouvelle information et les gens se sont précipités pour se rassembler et exprimer leur désarroi vis-à-vis de ce bataillon inconnu."

Une armée reconstituée

Car la population n’apprécie pas forcément ce retour de l’armée malienne. En effet, la ville est administrée depuis plusieurs mois par la Coordination des mouvements de l’Azawad et les services sociaux de base comme l’eau, la santé et l’école sont assurés.

Pierre Kassogé est le directeur de la société hydraulique de Kidal :

"Cela veut dire que c’est le retour à la normale, c’est ce qui est encourageant, mais il y a une certaine communauté qui est encore hostile aux Fama."

Le préfet de Kidal Boubacar Ag Barka confirme aussi qu’une partie de la population est hostile à l’arrivée des Fama, mais le caractère mixte de l’armée reconstituée, avec des éléments de la Coordination des mouvements de l’Azawad, devrait favoriser l’apaisement.

"On peut espérer qu’il n’y aura pas d’incidents puisqu'il s'agit d'une armée reconstituée avec des ressortissants de la zone."

Coopération internationale

Cependant, pour la société civile de Kidal, la présence des forces armées à elle seule n’est pas la solution à la crise malienne.

Attouyoube Ag Inttala est président des organisations de la société civile de Kidal :

"Nous voulons les dividendes de cette paix pour qu’il y ait une accalmie totale. Mais avec une armée, ce n’est jamais une accalmie, ce n’est jamais une solution. Il faut des solutions telles que prévues par l’accord. Nous attendons aujourd’hui que la libre administration des collectivités soit forte."

En attendant l’arrivée de l’armée, la population de Kidal apparait donc divisée mais tout le monde est unanime sur au moins deux points : il faut sensibiliser les populations et appliquer rapidement les autres recommandations politiques de l’accord de paix.

Enfin, les forces internationales, à savoir la force française Barkhane et celle de l’ONU, la Minusma, restent pour l’instant à Kidal et vont cohabiter avec les nouvelles forces maliennes.

"On peut espérer qu’il n’y aura pas d’incidents" (préfet de Kidal)