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Jusqu’où peut aller Jacob Zuma ?

13 février 2018

En Afrique du sud, Jacob Zuma a été sommé par son parti, le Congrès national africain (au pouvoir), de démissionner. Une injonction à laquelle il refuse pour l'instant de se plier préférant attendre la fin de son mandat.

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Südafrika Präsident Jacob Zuma
Image : picture-alliance/dpa/AP/K. Mokone

Jusqu’où peut aller Jacob Zuma? - MP3-Stereo

Depuis son élection à la tête de l’ANC, en décembre 2017, Cyril Ramaphosa multiplie les manœuvres visant à obtenir le départ du pouvoir de Jacob Zuma, empêtré dans plusieurs scandales de corruption présumés.

Sur le papier, la partie semble terminée pour le président sudafricain qui, depuis plusieurs mois, voire même plusieurs années, était contesté par la plupart de ses adversaires politiques. Une contestation qui est en train de gagner du terrain au sein de son propre parti l’ANC qui, au cours d’une réunion a exigé ce lundi sa démission.

Mais, Jacob Zuma refuse d’abdiquer et aurait réclamé de rester encore trois à six mois à la tête de l’Afrique du Sud. Une requête refusée par la direction de l'ANC.

La procédure de destitution

Que peut faire le Congrès national africain si le président sud-africain s’obstine à s’accrocher à son fauteuil ?

La première chose selon l'experte Anne Dissez, "c'est de lui faire un vote de non confiance, un vote de défiance qui devrait avoir lieu le 22 février. Si ce vote de défiance est majoritaire à 50%, il sera obligé de partir et il y aura de nouvelles élections qui seront immédiatement organisées. La deuxième solution, c'est l'impeachment, mais l'impeachment, ça veut dire que des poursuites judiciaires sont déjà engagées. C'est un peu plus compliqué et ça prendra donc plus de temps. C’est une majorité plus forte qu'il faut pour le voter. Il faut une majorité des 2/3."

Südafrika Kommunalwahl ANC
Image : picture-alliance/dpa/K. Ludbrook

Actuellement, le parti semble d'abord vouloir obtenir la démission de Jacob Zuma par la négociation. "Après tout ça se négocie et je crois que c'est ce qui se passe en ce moment, et c'est là la difficulté. Zuma, il ne veut pas aller en prison", estime encore Anne Dissez, spécialiste de l’actualité politique en Afrique du Sud.

Motion de défiance

Face au refus de Jacob Zuma de démissionner, le Congrès national africain, l’ANC, le parti au pouvoir en Afrique du Sud, pourrait se voir obligé de déposer dès jeudi (15 février 2018), une motion de défiance au Parlement. Mais il est difficile de prévoir que cette action va permettre de faire tomber Jacob Zuma. De l'avis de l'analyste Anne Dissez, cette difficulté est liée à plusieurs paramètres dont "d’abord, le caractère de Zuma. Il n’est pas du tout dans la situation de Thabo Mbeki il y a dix ans. Zuma a un caractère très fort et très opiniâtre. Il ne veut pas partir et il va les embêter jusqu’au bout."

L’opposition se frotte les mains

Face à cette crise politique, plusieurs partis d’opposition sud-africains, ont demandé la dissolution du Parlement et l’organisation d'élections anticipées qui, selon eux, éviteraient au pays de sombrer dans le chaos. "Zuma a violé la Constitution et le Parlement a échoué à lui demander des comptes", a déclaré Mmusi Mainmane, le chef du principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique. "Nous devons avoir une dissolution du Parlement et des nouvelles élections", a-t-il ajouté.

Pour l’heure, Jacob Zuma fait la sourde oreille et il devrait donner une réponse mercredi à l'ultimatum de l'ANC.

L’interview de Marianne Séverin.

Conformément à la Constitution du pays, si le président de la République démissionne, il sera remplacé par le vice-président du pays, par ailleurs, président du parti au pouvoir, l’ANC, qui n’est autre que Cyril Ramaphosa. Par contre, en cas d'un vote de défiance, c’est la présidente du Parlement qui devra assurer l'intérim jusqu'à l'élection, par les députés, de Cyril Ramaphosa dans un délai de trente jours.

Le président Jacob Zuma est empêtré dans plusieurs affaires de malversations financières présumées. Son nom est lié à celui de la sulfureuse famille d'hommes d'affaires Gupta, au cœur de plusieurs affaires de détournements de fonds ou de trafic d'influence.

 

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona