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Jochen Wörz, ouvrier routier

19 avril 2010

Son œuvre est piétinée et écrasée sous les pneus de voiture. Jochen Wörz construit des routes. Un travail physique au milieu de l’asphalte liquide et des rouleaux dameurs, où les journées de 12 heures sont courantes.

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Jochen Wörz

Lorsqu’il démarre sa journée par une tasse de café et une cigarette, Jochen Wörz peut distinguer l’autoroute A8 depuis ses fenêtres. Cette autoroute est l’artère principale du sud de l’Allemagne, entre Stuttgart et Munich. Quelque part, au loin, se trouve le chantier sur lequel Jochen Wörz travaille avec ses collègues pour améliorer la chaussée. Le sympathique ouvrier routier vit dans des conditions modestes dans un petit appartement loué au deuxième étage d’un immeuble en haut d’une colline. Le village de 2.500 âmes s’appelle Gruibingen, il est situé au fin fond du pays souabe, dans le Bade-Wurtemberg. Jochen Wörz n’est pas un grand voyageur : il est né sept kilomètres plus loin, dans le village de Wiesensteig, et c’est là qu’il a passé toute sa vie.

Père célibataire

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Jochen Wörz consacre beaucoup de temps à son filsImage : DW

Avant de quitter son appartement vers six heures et demie du matin, Jochen Wörz réveille Julian, son fils de neuf ans, et lui donne des consignes précises pour la journée. Le père de 43 ans est divorcé depuis 2001. Son ex-femme habite toujours dans les environs et ils se partagent la garde de leur fils. La mère de Jochen Wörz, de même que sa sœur, habitent elles aussi tout près et contribuent à l’éducation de Julian. A quelques centaines de mètres seulement se trouve le siège de la société de travaux routiers Moll, de Gruibingen. C’est là que Jochen Wörz a commencé son apprentissage il y a tout juste 27 ans. Aujourd’hui, il est contremaître. L’entreprise existe depuis 70 ans, elle emploie un peu plus d’une centaine d’ouvriers répartis sur les différents chantiers dans un rayon de 40 kilomètres.

Jochen Wörz et ses hommes sont chargés de poser le revêtement de la route. Le travail de son équipe commence lorsque le gros œuvre est terminé. Il ne leur reste plus qu’à poser les deux ou trois centimètres d’asphalte. Avec une température ambiante de 160 degrés, c’est un travail dur et fatigant que l’humour et les plaisanteries aident à rendre supportable.

Courtes pauses, longue journée

La première pause est à dix heures et demie. Dans sa boîte à pique-nique, Jochen Wörz a apporté des fruits, quelques tranches de pain, du fromage et de la charcuterie. Le travail reprend au bout d’une demi-heure, jusqu’au soir. Parfois, la journée de labeur dure plus de douze heures, du moins entre avril et novembre. A partir de décembre, les travaux sont suspendus plusieurs mois à cause du froid. Pendant cette trêve hivernale, Jochen Wörz et ses collègues touchent une compensation de l’agence pour l’emploi, appelée allocation « mauvais temps ». Celle-ci correspond à 60% du salaire habituel, mais cela suffit pour partir en vacances. Jochen Wörz a même déjà été en Egypte avec son fils. Il voit la vie à travers les yeux de Julian, qui représente tout pour lui. Ce qu’il souhaite par-dessus tout, c’est que son fils fasse de bonnes études. Pour lui-même, Jochen Wörz souhaite vivre un jour ou l’autre un nouvel amour.

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Réparer des routes, un travail éprouvantImage : DW

Une journée difficile et bien remplie

La grande joie de Jochen Wörz est de rentrer à la maison après une journée de travail bien remplie. « Je sais que mon fils m’attend », explique-t-il. En bon Souabe, les lentilles avec des Spätzle, une sorte de pâtes au blé dur, sont son plat préféré. Mais la plupart du temps, Julian et son papa se contentent de plats froids. Parfois, Jochen Wörz passe la soirée au café-restaurant « Gaststätte Hirsch ». Le patron est un ancien camarade de classe. A la table des habitués, Jochen Wörz retrouve des copains autour d’un verre de bière. Ici, tout le monde est pareil, qu’il soit ouvrier en bâtiment, chef cuisinier, fonctionnaire ou modeste employé. Jochen Wörz attache également beaucoup d’importance à ses amis d’enfance. Il aime le rock et aimerait aller plus souvent à des concerts. Mais il est extrêmement rare qu’un groupe vienne se perdre à Gruibingen. Et pourtant, Jochen Wörz ne voudrait habiter ailleurs pour rien au monde.

Auteur : Amjad Ali
Traduction : Anne Le Touzé
Edition : Konstanze von Kotze