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"Je suis absolument convaincue que le Président Ouattara sera candidat" - Nathalie Yamb

20 août 2019

La conseillère exécutive du parti Liberté et démocratie pour la République (LIDER) est l'invitée de la semaine sur la DW. Elle s'affirme persuadée que le président ivoirien Alassane Ouattara va se représenter aux prochaines élections présidentielles en 2020 et ne cache pas son manque de considération pour l'Union africaine qui, selon elle, ne sert à rien.

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Nathalie Yamb, la conseillère exécutive du parti Liberté et démocratie pour la République (LIDER) de l’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Mamadou Koulibaly, était l'invitée de la semaine de la DW, dans la matinale de 7h TU de ce mercredi 14 août 2019. 

Sur nos ondes, elle s'affirme ainsi persuadée que le président ivoirien Alassane Ouattara va se représenter aux prochaines élections présidentielles en 2020 et ne cache pas son manque de considération pour l'Union africaine qui, selon elle, "ne sert à rien". 

"Independance Cha-cha"

DW : Sur le plan politique en Côte d'Ivoire Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié se sont rencontrés à Bruxelles. Une réaction ?

Nathalie Yamb : Quand j'entends ces noms j'ai envie de chanter "Independance Cha-cha" ... C'est à dire que ça me rappelle des vieux souvenirs. Il y a eu par le passé une alliance Gbagbo-Ouattara pour chasser Bédié. Ensuite il y a eu une alliance Bédié-Ouattara pour chasser Gbagbo. Maintenant on nous parle d'une alliance Bédié-Gbagbo pour chasser Ouattara. Et quand on regarde bien la situation des Ivoiriens est allée de mal en pis. Il est temps d'arrêter de faire des coalitions contre quelqu'un. Il est temps de s'unir autour de l'amour de la Côte d'Ivoire. 

DW : Vous faites donc partie du parti de Monsieur Mamadou Koulibaly. Est-ce que vous vous réclamez de l'opposition ? Parce qu'apparemment les grandes formations politiques s'organisent dans la perspective de la présidentielle de l'année prochaine. Vous appartenez à quel camp ? 

Nathalie Yamb : Nous sommes l'opposition. Nous avons vu arriver de nouvelles formations politiques qui se réclament de l'opposition, mais qui, il y a quelques mois étaient encore au pouvoir et défendaient toutes les décisions que le régime Ouattara posait. 

Critique du PDCI

DW : Vous pensez au PDCI ? 

Nathalie Yamb : Je pense très clairement au PDCI, en effet. Ils font les nouveaux opposants qui arrivent et qui font comme si le système n'existait pas. Mais c'est eux qui ont fait campagne pour le référendum constitutionnel. C'est eux qui se disaient très satisfaits de la commission électorale quand ils étaient assis à la table de M. Ouattara en train de se partager le gâteau. Alors eux, quand on les qualifie d'opposants, je dis si vous pouviez ajouter le "néo" devant opposant ou bien ajouter deux circonstances derrière ... 

DW : Vous allez peut être, votre parti, soutenir ou bien vous allier avec Guillaume Soro, qui de plus en plus s'affirme ? 

Nathalie Yamb : Je n'ai pas l'impression qu'il s'affirme. J'ai plutôt l'impression que tout s'effrite dans sa main. Ensuite je ne vois pas avec quoi nous allons nous allier avec M. Guillaume Soro. Je n'ai jamais entendu un projet de société venant de lui. Je vous ai dit tout à l'heure, nous à LIDER, nous sommes prêts à discuter avec tous ceux qui adhèrent à un projet réformateur de la Côte d'Ivoire, la sortie du Franc CFA, la distribution des titres fonciers gratuites, la réforme de l'école pour passer par l'apprentissage et la formation professionnelle, les réformes sanitaires qui doivent être prioritaires, la retraite par capitalisation... On a vraiment des blocs de projets. Le régime parlementaire. Ceux qui adhèrent à ses idées, nous sommes prêts à discuter avec tout le monde, mais seulement autour de ces idées. Sinon en ce qui concerne une personnalité qui s'affirme, à mes yeux, c'est le professeur Mamadou Koulibaly. 

Relations Mamadou Koulibaly - Laurent Gbagbo

DW : Mamadou Koulibaly était l'un des caciques du FPI. Quelles sont ses relations avec Laurent Gbagbo ? 

Nathalie Yamb : C'est toujours Mamadou et Laurent qui communiquent, discutent, se sont vus ... Le professeur Koulibaly est allé lui rendre visite à La Haye l'année dernière. Cela a été très cordial, ça l'est toujours. 

DW : Le président Alassane Ouattara n'a pas encore dit s'il sera ou non candidat en octobre 2020. Qu'est-ce que vous lui conseillez ? 

Nathalie Yamb : Je suis absolument convaincu que le Président Ouattara sera candidat ...

DW : Surtout que la Constitution l'autorise...

Nathalie Yamb : Justement ceux qui se bercent d'illusions en pensant qu'il y aura quelqu'un d'autre dans son camp devraient réfléchir. Il a fait sauter la limite d'âge, parce qu'il a l'intention d'être candidat. 

Commission électorale indépendante

DW : Concernant la CEI, la Commission électorale indépendante. Selon plusieurs sources, Youssouf Bakayoko l'actuel président pourrait être reconduit. Qu'est ce que vous en pensez ?

Nathalie Yamb : Je ne serais pas étonnée qu'ils reconduisent Youssouf Bakayoko. Il est en train de faire un passage en force pour imposer la même commission électorale, qui a été pourtant déclarée dépendante et déséquilibrée par un arrêt de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples, en 2016. Il n'y a pas donné suite ...

DW : Mais elle n'est pas contraignante, elle n'a pas de force coercitive...

Nathalie Yamb : La force coercitive vient de l'Union africaine. Si l'Union africaine veut que les Etats appliquent les arrêts de sa Cour, elle a le moyen de sanctionner les Etats au niveau de l'Union africaine. Mais au lieu de le faire, on a organisé, en Côte d'Ivoire, en 2018 je crois, le sommet UE-Afrique alors que tout le monde savait que la Côte d'Ivoire est en train de violer un arrêt de la Cour de l'Union africaine. 

Union africaine

DW : C'était une sorte de caution politique ? 

Nathalie Yamb : Vous savez l'Union africaine c'est un ramassis de chefs d'Etats qui sont là et dont la première mission c'est de se protéger les uns des autres. Si l'Union africaine avait une quelconque utilité ça se saurait. 

DW : Est ce que si jamais le pouvoir n'accède pas à vos revendications, c'est à dire une réforme de la CEI, est ce que vous allez appeler tout de même les Ivoiriens à se faire enrôler dans la perspective de la prochaine élection présidentielle ?

Nathalie Yamb : Nous avons toujours depuis que LIDER a été créée, depuis 2011, nous avons chaque fois fait des campagnes à nos propres frais pour encourager les Ivoiriens à aller s'inscrire sur la liste électorale. 

Délivrance des cartes d'identité

DW : Autre polémique : la délivrance des cartes d'identité en Côte d'Ivoire. L'opposition critique le fait qu'on demande aux citoyens de payer. Je pense que c'est légal, vous ne trouvez pas ?

Nathalie Yamb : C'est difficile d'avoir une carte d'identité par la voie normale, mais n'importe quel étranger peut aller à Adjamé, et puis, avec des circuits connus de tous, obtenir la nationalité ivoirienne pour un oui pour un non. C'est ça qui gêne beaucoup plus que le fait que ce soit payant ou non. 

Vous pouvez écouter cette interview en intégralité en cliquant sur l'image en haut de cette page.