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J-7 avant le retour des oeuvres d'art au Bénin

2 novembre 2021

Dans une semaine, le 9 novembre, 26 œuvres d’art pillées au Palais d’Abomey au XIXe siècle devraient être restituées au Bénin par la France.

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Museum für außereuropäische Kunst Quai Branly
Image : picture-alliance/dpa/S. Glaubitz

La restitution de ces 26 œuvres des trésors royaux d’Abomey était l’une des promesses faites par Emmanuel Macron, fin novembre 2017 à l’université de Ouagadougou. Elle est aussi le fruit d’incessantes demandes formulées depuis plusieurs années par de nombreuses associations françaises, béninoises et africaines.

"Le retour des œuvres d’art au Tchad doit être échelonné" (Arnaud Dingammadji)

Michel Adovi Goeh-Akué, professeur d'histoire togolais à la retraite s'en réjouit : "Ça veut dire que les Français et globalement les Européens commencent par comprendre que l’Afrique a une civilisation. Elle a des éléments de civilisation et qu'il faut rendre ces choses aux Africains pour qu'ils puissent en jouir et les présenter comme l'âme de leur peuple. Il est important que toute l'Afrique retrouve son âme et sa mémoire à travers ces œuvres qui sont gardées là-bas."

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Le Tchad, premier concerné

L’ancien président béninois, Nicéphore Dieudonné Soglo salue lui aussi, le retour au pays de ces objets d’art qui font, explique-t-il à la DW, la fierté de son pays et de toute l’Afrique. Mais il plaide pour que tous les objets spoliés aux autres pays africains soient également restitués.

C’est que réclament aussi beaucoup de Tchadiens, joints par la DW. En effet, selon rapport Sarr-Savoy, 9 296 œuvres d'art tchadiennes pourraient être restituées. Ce qui fait de ce pays le premier concerné.

Mais l'historien tchadien Arnaud Dingammadji, recommande que le rapatriement de ces milliers d'œuvres soit échelonné et préparé : "Je pense qu'il faut que le Tchad et la France négocient les conditions du transport des pièces tchadiennes. On ne peut pas les remettre d'un seul coup au Tchad. Ça sera un peu difficile de les exposer dans le seul musée national. Donc, peut-être qu'il faut échelonner ça dans le temps pour permettre au Tchad de construire de nouveaux musées, peut-être en province, à Sarh, à Abéché, à Moundou et ailleurs", suggère Arnaud Dingammadji.

Malgré les lois, les trafics existent toujours 

L'historien Michel Adovi Goeh-Akué regrette pour sa part le fait que les trafics d'objets de valeur se poursuivent : "La paupérisation de nos populations conduit certaines familles, certaines ethnies à continuer de vendre les éléments du patrimoine. Les lois sur les patrimoines ont interdit aujourd'hui la vente. Mais ça se poursuit encore."

Après le Tchad, les Etats qui pourraient voir le plus d'œuvres d'art revenir chez eux sont le Cameroun avec 7.838 œuvres d'art, Madagascar avec 7.781 œuvres et enfin le Mali avec 6910 œuvres.

Précision : les biens patrimoniaux conservés par les musées de France sont inaliénables et imprescriptibles, ils ne peuvent donc pas changer de propriétaire, quelle que soit la circonstance historique de leur acquisition. C’est pourquoi,  depuis le 24 décembre 2020, une loi autorise la France à restituer, à certains pays africains, certains de leurs biens culturels conservés au musée du quai Branly à Paris.