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Israël tourne la page de l'ère Netanyahu

Sandrine Blanchard | Avec agences
2 juin 2021

C'est une césure politique que vit Israël aujourd'hui. Une large coalition de partis de gauche, de droite et du centre s'est formée pour diriger le pays et tourner la page de douze ans de gouvernement de Netanyahu.

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Benjamin Netanyahu va devoir affronter ses juges dans plusieurs affaires de corruption
Benjamin Netanyahu va devoir affronter ses juges dans plusieurs affaires de corruptionImage : Yonatan Sindel/AFP

Les adversaires politiques de Benjamin Netanyahu n'ont plus que quelques heures (jusqu'à minuit) pour annoncer l'accord qu'ils ont passé en vue de former le nouveau gouvernement israélien. C'est aujourd'hui que se tourne la longue page Netanyahu dans le pays. Mais la coalition qui arrive au pouvoir, très hétéroclite, devra surmonter ses divergences et ses membres coopérer étroitement pour se maintenir. 

Lors des affrontements israélo-palestiniens à Hebron, en avril dernier
Lors des affrontements israélo-palestiniens à Hebron, en avril dernierImage : Hazem Bader/AFP

Un bilan Netanyahu axé sur la sécurité

Benjamin Netanyahu a gagné ses galons en politique grâce à ses talents d'orateur. Avec douze ans de "règne", il est le Premier ministre qui est resté le plus longtemps en place de l'histoire d'Israël.

"Bibi" est d'ailleurs le premier à être né après la création de l'Etat israélien, en 1948.

Ses prises de positions tranchées alliées à son art du louvoiement lui ont valu admiration et animosité. Il a été ambassadeur à l'Onu puis dirigeant du Likoud, le parti de la droite israélienne.

Les deux leitmotivs de l'ère Netanyahu : la sécurité intérieure (conflit avec les Palestiniens, lutte contre la Covid-19) et la défense de l'Etat hébreu contre les attaques venues de l'étranger – principalement l'Iran.

>>> A lire aussi : L'Allemagne espère une médiation au Proche-Orient

Son père était un tenant du "Grand Israël". Benjamin Netanyahu a fait son service dans un commando d'élite. Il a perdu son frère Yoni en 1976, lors de l'assaut à Entebbe pour libérer des otages israéliens retenus dans un avion.

Cet épisode ancre chez Benjamin Netanyahu la conviction qu'il faut lutter contre le terrorisme.

Sa position face aux Palestiniens est restée ferme. Les négociations en vue d'une solution "à deux Etats" n'ont pas avancé.

Benjamin Netanyahu a passé douze ans au pouvoir
Benjamin Netanyahu a passé douze ans au pouvoirImage : Ahmed Gharabli/AFP

Des problèmes avec la justice

Sous Netanyahu, les affrontements avec les mouvements palestiniens ont continué, ainsi que la construction de nouvelles colonies en Cisjordanie occupée, en dépit du droit international.

>>> A lire aussi : Les origines des tensions entre Palestiniens et Israéliens

Une fois qu'il aura quitté le pouvoir, Benjamin Netanyahu devra pourtant faire face à la justice et répondre d'accusations de corruption dans plusieurs affaires. 

Un ennemi commun

"En fait, le seul point commun sur lequel tous les partenaires potentiels de ce gouvernement peuvent s'entendre, c'est qu'ils ne veulent plus voir Netanyahu comme Premier ministre", estime Assaf Shapira, directeur de recherche à l'Israel Democracy Institute.

Il poursuit : "Naftali Bennett sera Premier ministre pendant les deux premières années, puis il sera automatiquement remplacé par Yair Lapid pour le reste du mandat de la Knesset. Maintenant, c'est une tâche très compliquée de former ce gouvernement, principalement à cause de son hétérogénéité politique, de l'énorme distance idéologique entre les partis qui la composent."

Naftali Bennett a été notamment ministre de la Défense
Naftali Bennett a été notamment ministre de la DéfenseImage : picture-alliance /dpa/Y. Sindel

La droite dure de Naftali Bennett

Le nationaliste Naftali Bennett, un millionnaire d'extrême-droite (parti Yamina), a été plusieurs fois ministre sous Netanyahu (Défense, Economie, Education). Il qualifie les militants palestiniens de "terroristes".>>> A lire aussi : Proche-Orient : des accords qui renforcent le désaccord

En 2013, il déclarait même qu'il fallait les "tuer plutôt que de les libérer". Naftali Bennett a été le porte-voix du lobby des colons de Cisjordanie et appuyait les liens entre Donald Trump et Benjamin Netanyahu, saluant à l'époque leurs "idées nouvelles".

Yair Lapid, figure de l'opposition centriste sous Netanyahu
Yair Lapid, figure de l'opposition centriste sous NetanyahuImage : Gil Cohen-Magen/AFP

Yair Lapid au centre-droit

Au centre, Yair Lapid est le numéro deux de la coalition Bleu et blanc emmenée par Benni Gantz, à qui Yair Lapid reproche d'avoir, par "naïveté", accepté de collaborer avec Benjamin Netanyahu en 2019.

Durant la campagne, il a posé la nouvelle alliance comme la seule option pour contrer un "gouvernement [Netanyahu] obscurantiste, raciste et homophobe" et déclarait : "Il faut que nous avancions. Il est nécessaire de négocier avec les Palestiniens."

Le soutien de la gauche malgré tout

Malgré le cours néolibéral et le maintien des colonies de Cisjordanie prônés par le centre-droit, le parti travailliste (Awoda) et le parti de gauche Meretz s'associent à la coalition gouvernementale. En écartant les points de divergence dans un premier temps, pour se concentrer sur la relance économique après la pandémie.

La liste arabe de Mansour Abbas soutiendra le nouveau gouvernement sans y participer, en échange de promesses d'investissements dans les infrastructures des territoires palestiniens.

Le nouveau président israélien, Isaac Herzog, serre la main au président de la Knesset
Le nouveau président israélien, Isaac Herzog, serre la main au président de la KnessetImage : Ronen Zvulun/Reuters/AP/picture alliance

Et aussi un nouveau chef d'Etat

C'est aujourd'hui aussi que les députés israéliens devaient designer leur prochain président pour les sept prochaines années. Pour succéder à Reuven Rivlin, leur choix s'est porté sur Isaac Herzog, 60 ans. Membre du centre-gauche, il est favorable à une solution à deux Etats.

Ses fonctions de chef de l'Etat seront essentiellement honorifiques car c'est le Premier ministre qui détient le pouvoir exécutif. Mais le président peut accorder des grâces.

Isaac Herzog a été élu à 87 voix contre 26 pour Miriam Peretz, femme issue d'une famille de colons qui a perdu deux fils au combat.