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"Il n'y a pas eu de référendum sur la sortie de la Cédéao"

4 février 2025

Interview avec Abdel-Fatau Musah, le Commissaire aux affaires politiques, Paix et Sécurité de la Cédéao, sur la sortie de cette institution, des trois pays de l'Alliance des Etats du Sahel: Mali, Niger, Burkina Faso.

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Ghana Accra | Abdel-Fatau Musah, Commissaire de la Commission Paix et Sécurité de la Cédéao, en train de parler dans un micro, l'index gauche en l'air (photo de 2023)
Abdel-Fatau Musah, Commissaire de la Commission Paix et Sécurité de la Cédéao, espère que les dirigeants de l'AES vont revenir sur leur décision de quitter l'institution régionaleImage : Francis Kokoroko/REUTERS

Les trois membres de l'Alliance des Etats du Sahel – le Burkina Faso, le Mali et le Niger – sont officiellement sortis, fin janvier, de la Cédéao. La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest a donné jusqu'en juillet aux militaires qui dirigent ces pays pour revenir sur leur décision qu'elle n'approuve pas.

Abdel-Fatau Musah, le Commissaire aux affaires politiques, Paix et Sécurité de l'institution sous-régionale, revient au micro de la DW sur les enjeux de cette séparation. Il a été interviewé par Uwaisu Abubakar Idris.

Interview du Commissaire Paix et sécurité de la Cédéao

La sortie de la Cédéao décidée par les Etats de l'AES met un terme à 50 ans de coopération. Et Abdel-Fatau Musah, le Commissaire aux affaires politiques, Paix et Sécurité de la Cédéao, souligne que cette sortie entraîne des désagréments pour les habitants des trois pays concernés :

"La libre circulation des personnes, le droit d'établir des entreprises dans n'importe lequel des 15 Etats membres et la possibilité de voyager sans visa sont des privilèges que la Cédéao a garantis au fil des ans. Il s'agit même de l'un des tout premiers protocoles signés par la Cédéao. Les citoyens de ces pays perdraient donc automatiquement ces privilèges."

Sommet de la Cédéao sur l'AES : des chefs d'Etat autour de la table (photo du 15.12.2024)
La Cédéao ne compte plus que douze membre contre 15 avant la sortie des Etats de l'AES, ce qui pourrait affaiblir son poids diplomatique au sein de l'Union africaineImage : Ubale Musa/DW

Sortie de la Cédéao : une décision unlatérale des militaires

Une décision d'autant plus regrettable, selon lui, qu'elle n'a pas été décidée par les populations elles-mêmes. 

"Ce sont les dirigeants de ces pays qui ont décidé de se retirer de la Cédéao, rappelle Abdel-Fatau Musah, et non les peuples. Il n'y a pas eu de référendum pour déterminer si les peuples voulaient rester ou non au sein de la Cédéao."

Mais la Cédéao "reste flexible et ouverte à des négociations". L'institution a donné aux dirigeants de l'AES jusqu'en juillet pour reconsidérer leur position.

Un affaiblissement régional

"Leur retrait a en fait affaibli les trois pays et il a également affaibli la Cédéao. Parce que si, demain, il y a un débat au niveau de l'Union africaine, et que les nations d'Afrique de l'Ouest veulent faire bloc, elles ne seront plus à 15 pays mais seulement douze. C'est encore pire pour eux parce qu'ils ne sont plus que trois et qu'ils n'appartiennent à aucun autre groupement régional. Cela a brisé aussi l'esprit de solidarité.”

Les militaires à la tête des pays de l'AES reprochent notamment à la Cédéao d'avoir envisagé d'intervenir militairement en réaction à leurs putschs respectifs. Pour Abdel-Fatau Musah, la menace du "recours à la force n'était pas une erreur".

Le Commissaire explique en effet que "le recours à la force est l'un des outils utilisés par la Cédéao pour restaurer la démocratie dans les Etats membres". Il reconnaît toutefois la maladresse de la Cédéao qui a usé de cette menace non pas en ultime recours, mais alors que tous "les efforts diplomatiques n'[avaient] pas été entièrement épuisés".