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Instabilité politique en Afghanistan

Aude Gensbittel20 octobre 2009

L’élection présidentielle, dont le premier tour a eu lieu il y a deux mois, n’a pas eu les effets escomptés : l’instabilité politique demeure forte, ainsi que les tensions entre le président Hamid Karzaï et l'Occident.

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Le président sortant Hamid Karzaï n'a plus la confiance des puissances occidentales.Image : AP

Du point de vue du président afghan Hamid Karzaï, il y a deux options désagréables, écrit la Süddeutsche Zeitung, s'il se plie à la pression internationale et accepte un second tour, alors il regagne la confiance des pays occidentaux. Mais il perd aussi la face devant sa clientèle électorale : les pachtounes. Deuxième option : Hamid Karzaï continue de refuser le second tour dont il aurait besoin pour légitimer son maintien au pouvoir. Dans ce cas là, il rend impossible toute coopération avec les 42 nations qui participent à la reconstruction. Les conséquences seraient catastrophiques : retrait des troupes internationales, de l'aide humanitaire et du soutien financier. La vie en Afghanistan serait à nouveau régie par des lois archaïques. Les seigneurs de guerre lutteraient pour le pouvoir par tous les moyens. Et Hamid Karzaï ne survivrait pas à la guerre civile. On se demande donc pourquoi la décision est si difficile à prendre.

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Malgré les efforts des troupes internationales, la violence reste quotidienne en Afghanistan. Sur la scène d'un attentat à Kaboul début octobre.Image : AP

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il est difficile dire qui est responsable de la débâcle éléctorale. Beaucoup y ont contribué : les candidats, les Nations Unies, les Américains et les Européens. C'est le président Karzaï qui a donné le ton : bien avant le scrutin, sa priorité était de rester au pouvoir et non d'œuvrer à renforcer la démocratie. Quant à son principal rival, Abdullah Abdullah, on ne peut pas franchement le qualifier de victime. Son équipe avait juste moins de possibilités de manipulation que celle du président.

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Abdullah Abdullah, le principal rival du président sortant, avait dénoncé des fraudes électorales massives après le premier tour.Image : AP

En Afghanistan s'est développé le même modèle de dépendance qu'en Bosnie, au Kosovo ou en Irak, analyse le Tagesspiegel. Après la chute de la dictature, les élites nationales abandonnent aux puissances étrangères toute responsabilité pour le bien commun, suivent leurs intérêts personnels et s'enrichissent grâce à l'aide à la reconstruction. Elles font du chantage à l'Occident, en lui faisant comprendre qu'il ne peut pas se retirer, sous peine de voir le pays sombrer dans le chaos. Elles mettent l'Occident dans le rôle du colonisateur, mais ne veulent pas être traitées comme des colonies quand il s'agit de la répartition du pouvoir. Les Etats-Unis et l'Europe ne doivent plus accepter cette situation. Hamid Karzaï doit s'acquitter d'un minimum d'exigences en ce qui concerne la démocratie et l'Etat de droit.