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Inquiétudes pour un prisonnier sahraoui en grève de la faim

Hugo Flotat-Talon
15 mars 2021

Mohamed Lamine Haddi, emprisonné au Maroc, s'est mis en grève de la faim il y a trois mois. Le conflit du Sahara occidental est toujours dans l'impasse.

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Mohamed Lamine Haddi est en prison à Tiflet 2 (image d'illustration)Image : picture alliance/dpa/F. Kästle

Une grève de la faim débutée il y a trois mois et une famille qui s'inquiète. Le 13 janvier dernier, Mohamed Lamine Haddi, activiste sahraoui du Front Polisario, emprisonné au Maroc depuis 2010, cessait volontairement de s'alimenter. Mohamed Lamine Haddi avait été arrêté en 2010 à Gdeim Izik près d'El Ayoun, au Sahara occidental, territoire contrôlé par le Maroc. Il a depuis été condamné à 25 ans de prison. Alors que le dossier du Sahara occidental semble toujours bloqué, sa famille s'inquiète et les associations parlent même de "danger de mort"

Aucune nouvelle

La mère de Mohamed Lamine Haddi lance régulièrement des appels au secours sur internet. "Sa famille est extrêmement inquiète", réagit la représentante du Front Polisario en Allemagne, Nadjet Handi. "Ils ne savent pas s'il est vivant ou s'il est mort ! Ils n'ont aucune information et n'ont même pas eu le droit de lui rendre visite." La mère de Mohamed Lamine Haddi aurait eu accès à la prison, mais sans voir son fils. Les dernières nouvelles remonteraient au 25 février dernier, avec une dernière communication téléphonique.

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Mohamed Lamine Haddi est détenu depuis 2010, comme d'autres prisonniers arrêtés à Gdeim IzikImage : picture-alliance/dpa/F. Kästle

Au moment de débuter sa grève de la faim en janvier, Mohamed Lamine Haddi voulait, disait-il, alerter et protester contre des conditions de détention "exécrables" dans la prison de Tiflet 2 au Maroc. Depuis, il est très difficile d'avoir des informations. Le Conseil national des droits de l'homme marocain habilité à rendre visite aux prisonniers n'était pas joignable au moment de l'écriture de cet article. 

La situation illustre l'enlisement profond de ce conflit. En novembre dernier, le cessez-le-feu était annoncé comme rompu après des actions militaires dans la zone tampon vers Guerguerat, à la frontière avec la Mauritanie. Quelques semaines plus tard, l'ancien président américain Donald Trump reconnaissait la souveraineté du Maroc sur le territoire disputé du Sahara occidental. Joe Biden n'est pas encore revenu sur cette décision. L'ONU, qui promet toujours un référendum d'autodétermination, continue de briller par son impuissance. 

Soldats de la Minurso
L'ONU est présente sur place avec la Minurso, mais l'organisation peine à trouver un nouvel envoyé spécial sur le conflitImage : Fadel Senna/AFP/Getty Images

Guerre de communication

Le Front Polisario assure régulièrement que des combats ont lieu sur le terrain. "Il y a des confrontations armées, c'est sûr", dit par exemple son représentant pour l'Europe et l'Union européenne, Oubi Bouchraya Bachir. "Ce sont des bombardements de l'artillerie de l'armée de libération sahraouie sur des positions militaires marocaines, le long du mur de séparation. Mais on n'est pas encore arrivé dans la phase dans laquelle l'armée de libération procède à des attaques d'une envergure très importante." Des informations très compliquées à vérifier.

Lire aussi → Sahara occidental : l’attentisme de l’Union africaine

Côté marocain, officiellement pas de commentaire. Mais au sommet de l'Etat, on parle d'une "guerre de communiqués". "Pas de blessés, pas de morts, pas d'image, ironise un haut-diplomate. Experts et observateurs, qui ne cachent pas leurs difficultés à avoir accès à des informations fiables, mettent en garde. "La négligence internationale à l'égard du Sahara occidental (...) risque de faire monter en flèche des tensions militaires qui sont restées jusqu'à présent contenues, (...) la situation est volatile et pourrait rapidement s'aggraver", écrivait, en fin de semaine dernière, l'ONG International crisis group, reconnue pour ses travaux de recherche sur le terrain et ses analyses indépendantes.