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Inauguration du mémorial de l'holocauste à Berlin

Yann Durand11 mai 2005

L’inauguration officielle du mémorial de l’holocauste à Berlin hier met fin à un débat qui a duré 17 ans. Les détracteurs du monument se sont tus lors des cérémonies. Il incombera au public de montrer si les 2711 stèles entre la porte de Brandebourg et l’ancien bunker d’Adlof Hitler, remplissent leur rôle. C’est le thème qui domine aujourd’hui dans les commentaires de la presse allemande.

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Vue aérienne du mémorial
Vue aérienne du mémorialImage : AP

Il est donc terminé, ce monument que tout le monde s’escrime à vouloir appeler mémorial, constate la Süddeutsche Zeitung. Maintenant, et c’est vraisemblablement là le côté toujours sympathique de la démocratie, tous les officiels sont pour. En tous cas ils sont tous venu, dont de nombreux députés qui lors du suffrage décisif, le 25 juin 1999, avaient voté contre. Il n’en reste pas moins que ce mémorial n’est pas un point final en pierre. À compter de demain, les visiteurs décideront si il fonctionne. La vrai confrontation avec le monument au juifs européens morts de la shoah ne fait que commencer.

Que le projet se soit imposé après 12 ans de polémique et 5 ans de construction tient certes à la persévérance de ses partisans, analyse le quotidien Die Welt, mais aussi à la sage élégance du mémorial lui-même. Son architecte, Peter Eisenmann a trop d’humour et de modestie, pour pointer sur les allemands un doigt moralisateur au beau milieu de leur capitale. Ce que l’on pense en déambulant seul entre les stèles est une affaire personnelle. Ici on ne fait pas pénitence.

À qui s’adresse ce monument totalement abstrait? Aux victimes? Aux bourreaux? Et pourquoi seulement en mémoire des juifs? Ce sont là quelques-unes des questions préalables à la réalisation du projet que recense la Frankfurter Rundschau. Concernant la légitimité d’un symbole centralisant la commémoration, le journal fait remarquer qu’on ne peut éluder les camps de concentrations, théatres privilégiés des atrocités, édifiés depuis en lieu de réflexion sur des événements encore quasi palpable que jamais l’art ne pourra rendre avec autant d’intensité. Mais l’architecte Eisenmann l’a dit: ses stèles n’ont pas de signification, elles représentent plutôt le "néant".

On a effectivement parlé d’un monument vide de sens, banal et froid. Des adjectifs pourtant correspondant aux crimes nazis, rappelle la Ostsee-Zeitung de Rostock. Et de prévenir que beaucoup laisseront le mémorial de côté en allant au cinéma ou au restaurant à la Potsdamer Platz, parce qu’il ne veulent pas se confronter à l’horreur de la Shoah. Ce n’est pas un monument qui laisse insensible.