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"Il faut accompagner les flux migratoires"

16 décembre 2011

Dans le cadre du projet Destination Europe, les auditeurs et internautes de la Deutsche Welle ont posé des questions sur la migration à Jean-Philippe Chauzy, porte-parole de l'OIM. Résumé de ce débat en ligne.

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Image : picture-alliance/dpa

Vous avez été nombreux à participer au débat jeudi soir. Des auditeurs et internautes d'Afrique de l'Ouest et du Nord (Côte d'Ivoire, Sénégal, Gambie, Maroc) mais aussi beaucoup de République démocratique du Congo nous ont rejoints. Et nous avions reçu des questions à l'avance via SMS ou courriel. Le débat sur Facebook a duré un peu plus d'une heure et demie.

Jean-Philippe Chauzy, porte-parole de l'OIM
Jean-Philippe ChauzyImage : IOM

Le Printemps arabe facteur de migrations

Ce type de crises intenses contraint de nombreuses personnes fuir. Dans ce cas, l'Organisation internationale pour les migrations agit sur le terrain. Jean-Philippe Chauzy estime que l'organisation et ses partenaires ont aidé plus de 250.000 personnes à être évacuées lors des révolutions dans le monde arabe.

Le porte-parole de l'OIM a précisé que de nombreux migrants sont allés dans les pays voisins : plus d'un million et demi de Libyens sont partis vers la Tunisie ou l'Egypte par exemple. En comparaison, ceux qui ont tenté de rejoindre l'Europe représentent un très faible pourcentage.

L'Europe freine la migration

Des immigrés illégaux en centre de rétention
Des immigrés illégaux en centre de rétentionImage : picture-alliance/dpa

En période de crise, l'Union européenne a tendance à fermer un peu plus ses frontières. Selon Jean-Philippe Chauzy, c'est une mauvaise stratégie. Il rappelle qu'on a toujours besoin de migrants, quand les nationaux ne peuvent ou ne veulent pas occuper certains emplois. D'autant que la population vieillit en Europe et que les migrants sont et vont être indispensables au développement économique.

Les recours de l'OIM

L'OIM écrit des rapports et propose des solutions et des stratégies en matière de migration aux instances européennes, notamment. Mais comme M. Chauzy l'expliquait, l'OIM n'a pas de pouvoir d'action au niveau politique directement, mais plutôt un rôle d'orientation.

L'organisation soutient en tout cas une politique de migration plus souple. Jean-Philippe Chauzy préconise « d'accompagner et de gérer ces flux migratoires » plutôt que de chercher à les "stopper". Mais il remarque que ces questions relèvent du domaine de la politique nationale et qu'il est difficile de convaincre chaque pays d'accueil de changer ses vues sur la question.

La législation internationale est en outre très limitée. Aujourd'hui, l'OIM plaide surtout pour que les pays européens aident par exemple le Tchad et le Niger, où selon M. Chauzy, plus de 200.000 migrant sont rentrés les mains vides de Libye. Et la situation sur place est alarmante, notamment à cause de la sécheresse.

Intégration des migrants par le travail
Intégration des migrants par le travail

L'inquiétante "fuite des cerveaux"

M. Chauzy a confirmé que la mauvaise gouvernance de certains pays en Afrique peut être une cause de migration, lorsque les citoyens sentent qu'ils n'ont pas d'avenir chez eux. C'est particulièrement néfaste, notamment dans le cadre de la "fuite des cerveaux" : comme dans beaucoup de pays en développement, l'émigration des personnes hautement diplômées prive l'Afrique d'opportunités et a un impact négatif, notamment dans le domaine de la santé.

Pour contrer cela, l'OIM a un programme, le programme MIDA (migration pour le développement en Afrique) qui invite les expatriés à revenir au pays pour une période plus ou moins longue afin de favoriser la circulation du savoir.

Migration illégale, migration légale et intégration

Pour l'un de nos internautes, les Etats d'accueil devraient aider les migrants, légaux ou pas, à trouver du travail, afin qu'ils s'intègrent dans la société et participent à la vie du pays pleinement, par exemple en payant des taxes.

Jean-Philippe Chauzy affirme de son côté que c'est très compliqué lorsque les migrants n'ont pas de papiers. Mais à partir du moment où ils viennent légalement, il est plus facile de les intégrer, par le travail notamment. Cela permet selon lui de maîtriser la langue et la culture du pays d'accueil.

La pauvreté, facteur d'émigration
La pauvreté, facteur d'émigrationImage : AP

Les multiples visages de la migration

Jean-Philippe Chauzy a rappelé qu'un milliard de personnes sur Terre étaient des migrants. Car migrer peut vouloir dire aussi aller des campagnes vers les villes. Seuls 3% de la population mondiale sont des migrants internationaux.

Il a aussi rappelé que tous les pays étaient des pays d'accueil, de départ ou de transit. L'Afrique du Sud est, d'après lui, attractive. Les migrations sont fréquentes au sein de la Cédéao, la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest.

Mais dans d'autres cas, c'est la misère qui pousse les populations à bouger. C'est le cas de Somaliens qui fuient la sécheresse et l'insécurité en nombre. Ils vont se réfugier au Kenya voisin ou en Arabie saoudite.

Auteur : Aurélie Juignet
Edition : Anne Le Touzé