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Haïti : le vote d'une île meurtrie

26 novembre 2010

Faut-il organiser les élections alors que le pays lutte contre une épidémie de choléra ? Le futur gouvernement pourra-t-il relever les défis qui l'attendent ? A deux jours des élections c'est l'incertitude qui l'emporte.

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Des partisans réunis à Port-au-Prince de Leslie Voltaire, candidat à l'élection présidentielle
Des partisans de Leslie Voltaire, candidat à l'élection présidentielleImage : AP

Ce qui frappe à l'avant-veille de ces élections présidentelle et législatives, c'est d’abord l'impression de vide et même d'absurdité en Haïti. Comment réussir, en effet, à mobiliser la population alors que l'épidémie de choléra est galopante ? Elle a déjà fait 1.600 victimes et 70.000 personnes auraient contracté la maladie. L'ONU a même précisé que si l'épidémie n'est pas maîtrisée, elle pourrait causer la mort de 10.000 personnes dans les prochains mois.

La question s'est donc posée de savoir s'il ne fallait pas repousser ces élections. Mais le gouvernement haïtien, les Nations Unies et l'Union européenne s'accordent sur ce point : il faut mettre un terme à la vacance du pouvoir pour mieux relever les défis en Haïti.

10% de la population sans-abri

La campagne a été marquée par de nombreux heurts et violences comme ici à Port-au-Prince
La campagne a été marquée par de nombreux heurts et violences comme ici à Port-au-PrinceImage : AP

Dans ces conditions, les défis du futur gouvernement haïtien seront gigantesques. La lutte contre le choléra sera en tête de la liste des priorités. Mais il y a aussi la reconstruction, qui n'a pas beaucoup avancé : il va falloir notamment reconstruire les 1.300 écoles qui ont été détruites par le tremblement de terre. Sans oublier les quelques un million trois cent mille personnes qui vivent toujours dans des tentes à Port-au-Prince, la capitale. Dix mois après le tremblement de terre qui a causé la mort de 250.000 personnes, au moins 10% de la population est toujours sans-abri.

A ceci s'ajoute le chômage : la Banque mondiale estime que 30% de la population est sans-emploi mais l'agence américaine pour le développement international parle quant à elle de 70 à 80% de la population, si on considère uniquement le secteur formel, c'est-à-dire les emplois contractuels et déclarés. Le PIB du pays devrait chuter de 8,5% cette année. Il y a aussi l’élite, qui a été décapitée : nombre de hauts fonctionnaires et d'experts indispensables au fonctionnement de l'Etat sont morts dans le tremblement de terre. Enfin, comme si cela ne suffisait pas, plus de la moitié des neuf mille prisonniers échappés lors du tremblement de terre seraient toujours en liberté et ceci accroît le sentiment d'insécurité sur l'île.

Parmi les dix-huit candidats en lice pour l’élection présidentielle deux se détachent du groupe : Jude Celestin, le candidat du pouvoir en place, successeur officiel du président René Préval, qui ne peut briguer un troisième mandat. Mirlande Manigat, éphémère première dame d'Haïti en 1988, sous la présidence de son mari Leslie Manigat, qui n'est resté que quatre mois au pouvoir. Mirlande Manigat est donnée favorite et pourrait devenir la première femme présidente en Haïti.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Sébastien Martineau