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Guerre mondiale au Mali

Marie-Ange Pioerron25 janvier 2013

Cette semaine encore, le Mali domine l'actualité africaine dans la presse allemande. L'intervention française et l'attitude du gouvernement allemand continuent de susciter des réactions.

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Hélicoptère de l'armée française au dessus de Niono, 20.01.2013
Hélicoptère de l'armée française au dessus de Niono, 20.01.2013Image : picture-alliance/dpa

Le quotidien Die Welt défend une opinion très tranchée. Il parle d'une guerre mondiale au Mali et appelle à soutenir la France. L'intervention française, écrit Die Welt, n'est nullement une action précipitée. Elle s'imposait depuis longtemps. Les occidentaux ont trop longtemps accepté qu'une bande de "guerriers de Dieu" armés jusqu'aux dents réduise la population du Nord-Mali en esclavage et la soumette à un régime de terreur aussi cruel que le fut celui des talibans en Afghanistan.

La France mérite notre soutien, martèle Die Welt, or l'Allemagne préfère se rendre ridicule auprès de ses alliés en envoyant deux avions de transport. Envoyer des soldats dans un conflit armé n'est certes pas une décision facile à prendre. Mais risquer la vie de ses soldats n'est pas moins douloureux pour d'autres nations. La logique selon laquelle le prix humain à payer pour la liberté de l'Allemagne doive être payé par d'autres, n'est à la longue pas tenable.

Mali Ausbilder der deutschen Bundeswehr Transall-Maschine VERSION 2
Le premier Transall allemand atterrit à BamakoImage : DW/ K. Gänsler

L'hebdomadaire Die Zeit ne dit pas autre chose, même s'il est un peu plus nuancé dans la forme. 2.000 soldats français et deux Transall allemands... Ce déséquilibre peut avoir deux significations, écrit Die Zeit : ou bien François Hollande est une tête brûlée qui ne sait pas dans quoi il s'engage. Ou bien le gouvernement Merkel n'arrive pas à se décider pour la participation à une guerre qu'il juge légitime et juste.

Pour autant qu'on le sache, le socialiste Hollande n'a pas une réputation de belliciste. D'un autre côte, poursuit Die Zeit, il peut être sensé de ne pas mener une guerre même lorsqu'elle est juste et légitime. C'est-à-dire quand les conséquences de l'intervention risquent d'être plus graves que celles de la non-intervention. La Syrie en est un exemple.

Le Mali n'en est pas encore là. Quelque 1.200 miliciens islamistes, touaregs et jeunes Maliens frustrés, se sont fixé pour objectif d'établir la charia pour pouvoir mener tranquillement leurs activités criminelles : trafic de drogues et d'êtres humains, prises d'otages et terrorisme. Le ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle appuie avec une grande détermination rhétorique l'engagement français au Mali. Mais il exclut dans le même souffle l'envoi de troupes allemandes de combat.

C'est chez lui un réflexe, car il sait que la majorité de la population allemande est opposée à de nouvelles missions de la Bundeswehr à l'étranger. Mais poursuit le journal, cela ne peut être le seul critère d'une politique étrangère de longue haleine et, deuxièmement, le gouvernement doit alors cesser de prôner une politique européenne de sécurité. Beaucoup de voisins européens attendent autre chose de l'Allemagne, elle n'est pas la Suisse de l'Union européenne.

Une mission douteuse

Mali Französische Militärintervention auf dem Weg nach Markala 22. Januar 2013
Militaires français en route pour MarkalaImage : Reuters

D'autres journaux n'applaudissent pas du tout à l'intervention française au Mali et s'interrogent sur les intentions de la France. Die tageszeitung pose la question : l'intervention française, comme on l'affirme à Paris, a-t-elle vraiment été une aide d'urgence ? La prise de la petite localité de Konna par des islamistes, qui a effectivement eu lieu, a-t-elle été la raison de l'intervention française ou lui en a-t-elle fourni seulement l'occasion.

La France, et personne dans la presse internationale n'a remis cela en question, a affirmé que les islamistes voulaient aller jusqu'à Bamako et ériger à partir de là-bas un État terroriste sur tout le Mali. Qu'il soit permis, poursuit le journal, d'appliquer à cette affirmation le critère de la logique. Bamako est une ville de deux millions d'habitants, à 590 km de Konna. Les groupes islamistes, estimés par les services secrets occidentaux à quelque 2.000 combattants, auraient donc dû, avec de tels effectifs, maintenir leur occupation du Nord-Mali, conquérir d'autres villes sur la route de Bamako et affronter ensuite 2 millions de Bamakois.

Tout laisse bien plutôt à penser, estime le journal, que les islamistes voulaient prendre le contrôle de l'aéroport de Sévaré, pour compliquer une intervention étrangère. A posteriori, une telle différenciation n'est-elle pas totalement superflue ? Non, répond le journal, car l'affirmation selon laquelle les islamistes cherchaient la guerre totale pour le Mali justifie maintenant la contre-guerre totale, qui va bien au delà de l'aide d'urgence.

Mali Militärintervention
À BamakoImage : DW/K. Gänsler

C'était donc un éditorial de die tageszeitung, alors que le même journal, dans un reportage cette fois en provenance de Bamako, évoque l'enthousiasme des habitants de la capitale, les automobilistes surtout, pour les drapeaux français. Il y a encore un an cela aurait été impensable, lit-on dans ce reportage.

En bref encore...

Afrika Cup 2013 Mannschaft Kap Verde
L'équipe du Cap-VertImage : picture-alliance/empics

Du Mali il en est aussi question dans les pages sportives, plus précisément dans les articles sur la Coupe d'Afrique des nations qui se déroule actuellement en Afrique du Sud. Les Maliens jouent en effet en Afrique du Sud et, comme le note le Tagesspiegel de Berlin, si les joueurs maliens se concentrent sur la compétition, le cœur est resté au pays.

Presque tous les acteurs vivent certes depuis longtemps à l'étranger, mais tous ont des parents au Mali et restent informés en permanence de la situation sur place. Toujours à propos de la CAN, la Frankfurter Allgemeine Zeitung vante les bonnes performances d'un nouveau venu dans la compétition, le Cap-Vert et ses Requins bleus, comme s'appelle son équipe nationale.

Enfin, dans les pages locales de la Berliner Zeitung, un quotidien berlinois, on lit que le Soudan participe pour la première fois à la Semaine verte, le grand salon de l'agro-alimentaire à Berlin. La commercialisation de nouveaux produits est pour Khartoum d'autant plus importante que depuis l'indépendance du Soudan du Sud, il a perdu 70% de ses réserves pétrolières, précise le journal. Parmi les produits soudanais présentés à Berlin figuraient par exemple de la gomme arabique et de la noix de jatropha, utilisable comme agro-carburant.