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Ramasser les ordures, une mission pour Djo

Julien Adayé
14 juillet 2021

Il est jeune et âgé de 37 ans. Chaque matin Djo Drigbé va à la chasse aux ordures sur les plages, la baie lagunaire et dans les caniveaux d’Abidjan.

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Afrika Mosambik Maputo Vom Müll bis zu Haushaltsutensilien Recycling
Image : DW/R. da Silva

Djo Drigbé dit vouloir rendre la capitale économique ivoirienne propre. Mais les moyens dont il dispose sont rudimentaires. Pour lui, c'est une oeuvre patriotique. 

Pour Djo Djrigbé, Abidjan est sale. Et comme chaque matin, il s'occupe déjà à balayer. Pendant que les uns et les autres vont au bureau ou vaquent à leurs occupations, le jeune chômeur, muni d’une paire de bottes et de gants, d’un cache-nez, d’une pelle et d’un râteau se lance dans le nettoyage des rues et des caniveaux de la ville d’Abidjan. 

"Hier j’étais de passage ici en allant au Plateau, et j’ai découvert plein d’ordures là, je me suis dit il serait bon de venir nettoyer là. C’est pour moi une manière de participer à la propreté de mon pays. Je n’ai pas de boulot, mais là moi je considère ça comme un emploi pour moi " explique le jeune homme.

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Des encouragements

Aujourd’hui, ce sont les déchets d’un caniveau situé dans la commune du Plateau, le centre des affaires, que Djo décide de nettoyer. Tous ceux qui passent par là ce matin, se pincent le nez. Tellement l’odeur qui se dégage de ce caniveau est insupportable. 

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Les personnes interrogées ici, saluent le courage et l’initiative de Djo. "Vraiment, l’Etat doit faire quelque chose pour lui. Surtout le ministère de l’Environnement. Vraiment je l’encourage" dit un passant.
 "Cela me touche un peu. Parce qu’ici, les déchets sont juste à côté d’un hôpital. Et puis il n’y a pas de nettoyage. Ça fait un peu bizarre. Ça me touche beaucoup, j’ai même envie de l’aider " renchérit un autre.
 "Voilà un volontaire quand même qui veut aider la commune à être propre " estime un troisième.

Depuis plusieurs années maintenant, Djo passe la majeure partie de son temps à nettoyer les plages, la baie lagunaire et les caniveaux d’Abidjan. Pour lui "la Côte d'Ivoire est sa grande maison. Il faut qu'elle soit propre !"

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Sans emploi et sans revenu, Djo bénéficie de la générosité de personnes de bonne volonté pour nourrir sa femme et sa fille de huit ans.

"Il y a des personnes de bonne volonté qui me soutiennent. Souvent certains me donnent un sac de riz, on m’appelle pour me demander de quoi j'ai besoin. D’autres me donnent des vivres, avec de l’argent pour me déplacer ou pour acheter mon matériel " explique t-il.

Collecte de déchets plastiques à Abidjan
Collecte de déchets plastiques à AbidjanImage : Getty Images/AFP/S. Kambou

Nettoyer et sensibiliser

Pour donner à moyen terme à la ville d’Abidjan un visage nouveau qui respire la propreté, Djo fait de la sensibilisation dans des écoles et dans certains quartiers sur le respect de l’environnement et du cadre de vie. 

Certains l’ont même surnommé "Super Djo". Car après chacun de ses passages, c’est la propreté assurée. "On doit mettre nos déchets dans les poubelles. Parce que le caniveau est destiné seulement à l’eau de ruissellement et à l’eau pluviale".

Sans salaire, le quotidien de Djo est un souci permanent. Mais il ne perd pas pour autant son sourire. Aujourd’hui, Djo rêve d’un poste au service de salubrité dans une mairie ou simplement d'avoir les moyens de se créer une entreprise de nettoyage et de propreté. Il pourrait ainsi offrir des emplois à d'autres jeunes hommes et femmes. Car il fait du nettoyage de la ville d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne, son combat personnel et permanent.