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L'Italie voit débarquer moins de migrants

Maryline Dumas
5 octobre 2017

Le nombre de migrants arrivés en Italie est en forte baisse cette année. Une baisse directement liée à la coopération entre l'Union européenne et la Libye.

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Même s'ils ont baissé, les départs de migrants depuis la Libye restent encore fréquents
Même s'ils ont baissé, les départs de migrants depuis la Libye restent encore fréquents Image : picture-alliance/dpa/C. Fusco

Les chiffres indiquent une diminution de 22% depuis le début d'année par rapport à 2016, et même de 80% sur la seule période du mois d'août. Cette baisse flagrante est le résultat d'une multitude de facteurs. Chaque acteur interrogé a une théorie… dans laquelle l'Europe n'est jamais bien loin.

Les ONG de sauvetage dans le viseur

Pour le général Ayub Ghassem, porte-parole des gardes côtes, la baisse des départs s'explique par le retrait des ONG effectuant les sauvetages en Méditerranée.

Celles-ci protestent contre la mise en place, par Tripoli et avec le soutien de Rome, d'une zone de recherche et de sauvetage. Dorénavant, pour travailler dans cette zone, il faudra respecter un cahier des charges encore en préparation.

"Tous ceux qui veulent travailler dans la zone doivent lire ceci. S'ils sont d'accord, ils pourront venir dans nos eaux. Et seul l'Etat libyen décidera et attribuera les secteurs et domaines de travail", explique Ayub Ghassem.

La marine libyenne menace de "saisir" les bateaux d'ONG naviguant près de ses eaux pour secourir des migrants sans autorisation préalable
La marine libyenne menace de "saisir" les bateaux d'ONG naviguant près de ses eaux pour secourir des migrants sans autorisation préalableImage : picture alliance/JOKER/A. Stein

Le militaire accuse clairement les ONG d'avoir fait office d'appel d'air avec leur sauvetage. "Le rôle des ONG en mer c'est de faire taxi pour les passeurs", assène-t-il.

Hussen Dawadi, le maire de Sabratha, plus important point de départ de migrants, note que certains trafiquants ont choisi de stopper leurs activités.

"L'Union européenne, à travers l'Italie, a envoyé un message très clair en mer - car ils étaient en mer. C'est un premier point. Cela a envoyé des signes aux passeurs comme quoi ils risquaient d'être arrêtés dans ces opérations", affirme-t-il.

La population locale, excédée, a fait pression dans ce sens, encouragée par une promesse européenne annoncée cet été.

Coup de pouce financier 

"Il y a eu des promesses à la réunion de Rome. Le représentant de l''Union européenne a dit qu'ils allaient soutenir à hauteur de 200 millions d'euros les villes touchées. Pas seulement Sabratha mais onze villes qui ont souffert des problèmes de migration", ajoute Hussen Dawadi.

L'Italie est également accusée d'avoir payé d'anciens trafiquants de Sabratha pour qu'ils cessent leurs activités. Chokri Ftis, qui a participé à un rapport sur les migrations en Libye, reste prudent concernant cette méthode qui, selon lui, poussera simplement les trafiquants à se déplacer.

"Ils vont trouver un substitut et ce sera dans la zone des Wershefana à Sidi Belal", explique-t-il.

Tout comme Chokri Ftis, bon nombre d'observateurs relativisent l'impact des actions européennes. Les chiffres exceptionnellement hauts de 2016 faussent les bons résultats de 2017.

 

Hommage aux disparus de la Méditerranée

Le 3 octobre 2013, un bateau faisait naufrage au large de Lampedusa. 366 corps ont été repêchés sur environ 500 passagers estimés, en majorité des Érythréens et des Somaliens.
Le 3 octobre 2013, un bateau faisait naufrage au large de Lampedusa. 366 corps ont été repêchés sur environ 500 passagers estimés, en majorité des Érythréens et des Somaliens.Image : Reuters

L'Italie a rendu mardi hommage aux victimes des naufrages en Méditerranée, trois ans après un naufrage qui avait fait au moins 500 morts au large de Lampedusa, le 3 octobre 2013. Depuis, plus de 15.500 personnes sont mortes en tentant de rejoindre l'Europe par cette voie.