RDC : à Goma, la situation humanitaire inquiète
28 janvier 2025Selon le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, "un demi-million de personnes de plus ont été déplacées rien que ce mois-ci". A en croire l'Onu, la situation humanitaire à Goma est "extrêmement inquiétante". L'organisation concentre désormais ses missions sur la protection des civils qui "paient le prix le plus élevé". L'Onu a par ailleurs averti que la distribution d'aide alimentaire à Goma est suspendue.
Le Comité international de la Croix-Rouge a pour sa part alerté sur les risques de dissémination de plusieurs virus, dont celui d'Ebola, à partir d'un laboratoire à Goma, en raison des combats qui s'y déroulent. Le CICR se dit "très préoccupé par la situation au sein du laboratoire de l'Institut national de recherche biomédicale qui fait face à un risque de coupure d'électricité".
Sur place, à Goma, les acteurs humanitaires tentent tant bien que mal de s'organiser. C'est le cas de Médecins sans frontières. Selon des sources hospitalières, plusieurs hôpitaux de la ville sont submergés.
Natalia Torrent est cheffe de programme MSF au Nord-Kivu. Elle est actuellement à Goma et revient sur la situation humanitaire sur place.
Lisez ou écoutez l'interview.
DW : Quelle est la situation humanitaire à l'heure actuelle à Goma et ses environs?
Natalia Torrent : Goma est une grande ville, dans les alentours de Goma il y a des camps de déplacés internes. Fin décembre, on disait qu'il y avait plus de 700 000 personnes, mais aussi tous les événements depuis fin décembre, surtout à Masisi centre et la situation à minova, cela a amené plus de personnes dans les alentours de Goma, dans ces camps de déplacés.
Maintenant, c'est que tous ces camps, ils peuvent être vidés.Les gens sont en train de chercher refuge vers le centre ville. Mais avec les combats en centre ville, les civils ne sont pas épargnés.
DW : Est-ce qu'on a une idée plus précise du nombre de victimes actuelles des derniers affrontements ?
Natalia Torrent : C'est assez difficile d'évaluer et de savoir combien de victimes on a. La situation reste assez volatile.
Il y a beaucoup, beaucoup de blessés en ville.
DW : Comment, au niveau de MSF, vous vous organisez quand même pour apporter un soutien aux déplacés et aux populations de Goma ?
Natalia Torrent : Pour l'instant et surtout avec la situation sécuritaire, toutes les activités dans les camps de Goma, ils ne sont pas actifs, c'est clair il faudrait aussi s'assurer le bien-être, la sécurité du personnel. Ce qu'on a fait chez MSF, c'est de s'assurer des services d'urgence.
On essayait, surtout au début de la crise, d'acheminer des produits médicaux pour traiter le flux de blessés.
MSF, on était présent dans l'hôpital de Kyeshero où on a ouvert plusieurs lits pour appuyer le comité international de la Croix-Rouge, toujours présent avec des capacités chirurgicales.
C'est assez difficile, même si on essayait aussi de mettre des centres avancés de triage.La situation assez volatile d'hier a empêché les équipes de travailler.
La mission médicale n'est pas épargné.Hier il y a eu deux ambulances qui étaient touchées par balle mais heureusement, tout le monde va bien.
Mais ici, on essaie et on demande à toutes les parties du conflit, surtout le respect de la mission médicale, respect aussi et protection des civils, mais avec une situation assez volatile ici dans la ville de Goma, ce n'est pas facile.
DW : Est-ce qu'il faut déjà craindre une propagation de certaines maladies comme le choléra ?
Natalia Torrent : C'est clair qu'on est dans un foyer avec quelques maladies qui sont endémiques, dont le choléra. C'est clair que s'il y a beaucoup de mouvements de population, il n'y a pas accès à l'eau potable. Cette situation peut se déclencher, mais pour l'instant, c'est un peu tôt.
Et pour l'instant, ce qui nous occupe, c'est surtout de garantir les soins de santé et l'accès aux soins d'urgence. Dans une deuxième phase, il faudra regarder toutes ces maladies comme le choléra, la rougeole... Parce qu'avec tous les mouvements et déplacements de populations, c'est clair que ça peut nous arriver.