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Des pistes pour reconnaitre les faux comptes

Marco Wolter | Teyana Klug
11 janvier 2022

Pour évaluer la véracité d'un message sur Facebook ou Twitter, il est important d'en vérifier l'auteur. Voici quelques pistes pour reconnaître un faux compte, un bot ou un troll.

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Image : Alexander Limbach/Zoonar/picture alliance

 S'il est difficile de connaître le chiffre exact des faux comptes sur Twitter, le réseau social vérifierait jusqu'à dix millions de comptes douteux par semaine, pour en supprimer plus des trois quarts. Chez le géant Facebook, environ 5% des comptes dans le monde seraient faux. Rien que lors du deuxième trimestre de l'an dernier, Facebook a effacé quelque 1,7 milliards de comptes frauduleux. Voilà pour le décor. Maintenant, comment repérer soi-même ces faux profils, dont les intentions sont souvent néfastes ? Comment se faire passer pour quelqu'un d'autre pour diffuser de fausses informations, ou encore vous extorquer de l'argent ou mettre la main sur vos données personnelles?

Prenons les choses dans l'ordre, du plus simple au plus difficile.

Comptes vérifiés

Commencez par regarder si le compte a été vérifié par Facebook, Twitter ou encore Instagram. Si c'est le cas, il est accompagné d'une petite croix bleue. Cela peut être le cas pour les comptes d'organisations, d'entreptises, de personnalités, de politiques ou de l'administration. C'est comme cela que vous allez par exemple différencier le compte d'Elon Musk ou de Mark Zuckerberg d'un compte frauduleux.

Social Media Apps | WhatsApp Facebook Twitter Instagram
Image : Nasir Kachroo/ZUMA Press/imago images

URL, comparaison des comptes

Si vous ne voyez pas la petite croix bleue, passez aux étapes suivantes. Vérifiez l'adresse URL du compte, pour y repérer des incohérences.

Comparez le compte Twitter avec le compte Facebook ou Instagram de la personne. Regardez si le même contenu y est publié, si les mêmes photos de profil sont utilisées, les mêmes informations, les mêmes localisations, ce qui peut indiquer qu'il s'agisse d'une vraie personne.

Evidemment, ce ne sont jamais des preuves, mais des indices pour vous permettre de faire le tri au mieux.

Aussi, la photo de profil peut vous donner des indices : est-elle de bonne qualité, vous semble-t-elle crédible ?

Followers, amis, abonnés

Vous pouvez aller encore plus loin. Le nombre de followers peut vous aider à faire le tri. Si vous voyez un compte d'Angela Merkel avec seulement 4.000 followers, vous pouvez vous douter que quelque chose ne va pas. Idem si le Profil Facebook de Kate Middleton n'a que 52 amis.

Les interactions des abonnés et amis peut aussi être une source de vérification. Regardez si des équipiers de Lionel Messi interagissent et commentent ses publications, regardez si d'autres politiques d'un même parti likent le post de leur chef au Parlement et ainsi de suite.

Contenus et comportement

Enfin, regardez depuis quand le compte existe, si du contenu y est publié depuis longtemps, c'est un indicateur de crédibilité. Aussi, le comportement du compte doit être cohérent. Il est peu probable qu'un étudiant en Allemagne soit soudainement allé sur le terrain pour filmer des combats en Afghanistan. Et il est peu probable qu'une retraitée en Russie poste des photos d'une manifestation anti-bassin à Paris. Enfin, prenez le temps de vous intéresser à la localisation de la personne pour voir si celle-ci est cohérente avec le contenu publié.

Facebook | Labels zum Klimawandel gegen die Verbreitung von Fake News
Image : Facebook

Les bots

Ils sont infatigables et postent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 leurs commentaires sous les publications, partagent des contenus et alimentent des discussions.

Ils se comportent comme des robots, d'ou leur nom, des "bots". Il s'agit de profils gérés par des logiciels qui opèrent la plupart du temps de manière autonome et automatique. 

Il est important de faire la différence entre les "bons bots" et les "mauvais bots". Les bons bots fonctionnent comme des comptes automatisés et publient par exemple des informations sur la météo, les tremblements de terre ou des images satellites.

Les mauvais bots sont des programmes informatiques qui simulent des activités d'utilisateurs humains dans un but précis, comme par exemple celui de renforcer une certaine opinion politique, de diffuser inlassablement la même fausse information, ou encore de faire émerger un thème pour lui donner une importance artificielle.

Pour ce faire, selon l'algorithme utilisé, ces bots peuvent rédiger leurs propres messages, laisser des commentaires, suivre d'autres utilisateurs et même vous envoyer une demande en ami(e) sur Facebook.

Des chercheurs de l'université Carnegie Mellon ont ainsi analysé en 2020 plus de 200 millions de tweets qui traitaient du coronavirus ou de la Covid-19.

Sur les 50 comptes dont les partages (retweets) étaient les plus influents, 82 % étaient des bots.

Burkina Faso | Wahl | FasoCheck
Image : Boureima Salouka/DW

Comment reconnaître les bots ?

Comme pour les faux comptes, pensez à vérifier les noms, les photos de profil, les informations contenues dans la bio.

Aussi, une création du compte très récente ou encore une localisation qui ne correspond pas au contenu publié peuvent vous alerter.

Un comportement atypique pour un être humain

Le doute est permis lorsque les mêmes contenus sont publiés ou partagés au même instant sur plusieurs réseaux sociaux ou se retrouvent dans les commentaires d'un grand nombre de publications.

Généralement, les bots suivent également beaucoup de comptes sans avoir eux même de followers ou d'amis. Pour le vérifier, il existe des outils comme Followerwonk ou Botometer pour Twitter.

Les trolls

Bien que leur comportement en ligne soit aussi destructeur et hyperactif que celui des bots, les trolls sont de vraies personnes. La plupart du temps, les trolls agissent pour le compte d'un tiers et prennent pour cible certaines personnalités ou médias.

L'un des exemples les plus frappants est l'Internet Research Agency russe de Saint-Pétersbourg. Selon le groupe de travail EUvsDisinfo qui sensibilise sur la désinformation, cette usine à trolls a diffusé de la désinformation et des messages favorables au Kremlin dans différentes langues et lors de plusieurs campagnes électorales, que ce soit en Europe ou aux États-Unis. l'Internet Research Agency était devenue mondialement connue après la publication en 2017 d'un rapport des renseignements américains sur l'influence de la Russie lors de la campagne présidentielle ayant porté Donald Trump au pouvoir.

Des usines à trolls ou des "armées de trolls" similaires existent également en Inde, en Chine, en Arabie saoudite ou encore au Mexique.

USA Facebook Logo
Image : Ben Margot/AP Photo/picture alliance

Comment reconnaître les trolls ?

Comme des personnes réelles se cachent derrière les trolls, leurs comptes sont plus difficiles à repérer, d'autant plus lorsque le profil d'un troll est alimenté soigneusement depuis des années.

Cela n'empêche, que les premiers pas de vérification d'un compte comme abordées au début de l'article peuvent s'avérer utiles.

De plus, vous pouvez analyser le contenu publié par un troll en vous posant les questions suivantes :

Les liens mènent-ils vers des sites d'informations qui produisent des fake-news ? Est-ce que le compte suspect se limite au partage d'autres contenus, notamment des fake-news ? Dans ces cas, il pourrait s'agir d'un troll.

Suivez l'activité du compte suspect en vous demandant si une personne ayant un emploi du temps classique a la capacité à réagir à une telle fréquence, à poster autant de commentaires et à participer pendant des heures à des conversations sur les réseaux. Dans ce cas, il pourrait s'agit d'une personne dont les activités sur Facebook, Twitter et Instagram sont le "métier".

Aussi, et c'est essentiel, demandez vous si le compte qui vous intrigue contribue de façon sensée au débat. S'il semble manipuler les autres et ne propage que des émotions négatives, il est peut-être vain de continuer à considérer ses commentaires et plus utile de signaler au réseau social le compte suspect qui vous paraît être un troll.

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Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais
Teyana Klug Redakteurin Faktencheck