Faut-il montrer les images de Ben Laden ?
4 mai 2011On trouve la même photographie ce mercredi à la Une de la plupart des grands quotidiens allemands : on y voit l'équipe de Barack Obama, réunie dans la désormais célèbre "Situation Room" de la Maison Blanche, en train de suivre en direct l'opération qui allait aboutir à la mort d'Oussama Ben Laden. Les visages sont tendus, Hillary Clinton porte une main devant sa bouche, visiblement choquée par les images qu'elle découvre.
Des images que le reste du monde n'a pas eu le droit de voir et beaucoup s'interrogent sur les motivations de Washington. Ainsi la tageszeitung estime : on peut voir dans le refus actuel des Etats-Unis de montrer leur ennemi mort une avancée en termes de civilisation. Mais cela ouvre la porte aux sceptiques et aux théoriciens du complot.
Et le journal rappelle que, parce que tant d'Américains doutaient que le président Obama soit effectivement né aux Etats-Unis, la Maison Blanche a été contrainte récemmment de publier son acte de naissance sur internet. Il est probable que dans le cas présent, le gouvernement Obama ne va pas avoir d'autre choix que de montrer la photo de l'ennemi juré abattu. Avec le risque de faire de lui une icône.
Plusieurs journaux reviennent sur la réaction de la chancelière allemande à l'annonce de la mort de Ben Laden. C'est le cas de la Frankfurter Rundschau : Angela Merkel est fille de pasteur et la présidente d'un parti qui se considère comme chrétien. On peut donc penser que les Dix commandements lui sont une ligne de conduite. Par exemple, le cinquième : tu ne tueras point. Comment expliquer alors cette déclaration de la chancelière : « Je me réjouis que l'on soit parvenu à tuer Ben Laden » ?
Die Welt
considère également que l'on ne doit pas se réjouir ainsi, ouvertement, de la mort d'un être humain, tout criminel qu'il soit. Mais celui qui, comme Oussama Ben Laden s'est présenté comme un combattant, menant la guerre contre l'Occident, ne doit pas s'étonner d'y perdre la vie. Pourquoi est-ce si compliqué dans ce pays de formuler un constat simple : ce monde se porte mieux sans ce meurtrier. On devrait au moins pouvoir s'entendre sur ce point.Auteur : Sébastien Martineau
Edition : Marie-Ange Pioerron