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Face aux manifestants, Erdogan durcit le ton

Philippe Pognan11 juin 2013

En Turquie, de plus en plus de manifestants de tous horizons rejoignent le mouvement de protestation contre le Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan. Celui-ci continue d'afficher sa fermeté.

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Image : Reuters

Au 12ème jour de la mobilisation, Erdogan reste inflexible et il a même prévenu les manifestants ce matin que son gouvernement ne ferait plus preuve d'aucune tolérance. La police a pris d'assaut la place Taksim près du parc Gezi dans le centre d'Istanbul et dispersé la foule des manifestants en usant largement de grenades lacrymogènes, de matraques de canons à eau et de balles en caoutchouc. Peu après, Recep Tayyip Erdogan a justifié l'action de la police devant les parlementaires islamo-conservateurs de son parti AKP. Le Premier ministre turc a qualifié les manifestants de « vandales » et de pillards coupables de destructions. Le chef du gouvernement a aussi dénoncé des tentatives délibérées et systématiques pour nuire à l'image et à l'économie de la Turquie. Erdogan inflexible

Türkei Proteste gegen die Regierung in Istanbul Räumung Taksim Platz 11.06.2013
Manifestants face à la police lors de l'évacutation de la place Taksim (11.06.13)Image : picture-alliance/AP

Alors que la fronde anti-gouvernementale enflamme tout le pays, Erdogan maintient sa politique autoritaire et fait comme si la contestation était limitée et manipulée par des extrémistes dont une partie des meneurs seraient des étrangers. Hier encore, le vice-Premier ministre Bülent Arinç avait annoncé une rencontre, prévue mercredi, entre Recep Tayyip Erdogan et des représentants de la contestation. Mais ce geste est loin d'être une réelle volonté d'apaisement, car Bülent Arinç avait aussi simultanément affirmé que « les manifestations illégales ne seraient plus tolérées ». Il a donc tenu parole ce mardi matin en évacuant « manu militari » la place Taksim. Un mouvement unifié

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Un manifestant essaie d'échapper aux canons à eau de la policeImage : Reuters

Même si les médias turcs sont muselés, même si de nombreux journalistes sont en prison, les réseaux sociaux fonctionnent, les interviews et témoignages pullulent sur la diversité des mécontents. De plus en plus de médias étrangers aussi observent ce qui se passe dans le pays. Ce qui est étonnant même, comme l'a souligné Cem Özdemir - président des Verts allemands d'origine turque - qui a effectué une visite de solidarité il y a quelques jours aux manifestants de la place Taksim : c'est qu'apparemment, Erdogan a réussi à réunir contre lui des gens qui jusque là étaient loin d'être solidaires les uns avec les autres. Sa politique autoritaire a soudé Kurdes, Alévites, gauchistes, nationalistes, athéistes et musulmans dans un mouvement essentiellement pacifique et qui exige maintenant une seule chose : la démission d'Erdogan.