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EUAM Centrafrique: "Nous n'avons jamais subi de contraintes"

Jean-Fernand Koena
4 juillet 2022

Entretien avec Paolo Soares, chef de la mission européenne de formation de la police et de la gendarmerie, l'EUAM, en Centrafrique

https://p.dw.com/p/4Dcv7

L'Union Européenne continue de soutenir l'effort de la sécurité en République centrafricaine. Elle a ainsi déployé dans ce secteur deux missions: l'EUTM, pour entraîner les forces armées centrafricaines, et l'EUAM, une mission de conseil aux forces de sécurité intérieure (les policiers et gendarmes). L'EUTM a suspendu son expertise en janvier, mais ce n'est pas le cas pour l'EUAM, dont le mandat vient d'être renouvelé par l'UE. Paulo Soares, chef de mission sortant, fait le bilan des réformes soutenues par l'EUAM. Il est interrogé par Jean-Fernand Koena. 

 

DW : Monsieur Paolo Soares, bonjour.

Paolo Soares : Bonjour!


En fin de mission en République centrafricaine, quel bilan pouvez vous aujourd'hui dresser de votre mandat ?

Une mission de conseil au profit des autorités centrafricaines, de la gendarmerie et de la police. On ne s'arrête pas là parce que la mission EUAM a aussi des volets d'interopérabilité au profit des échanges entre les FSI [Forces de sécurité intérieure, ndlr] et d'autres ministères. Le résultat, c'est surtout la construction des liens de confiance entre les membres qui composent la mission de l'EUAM et les autorités centrafricaines.

Pendant toute cette période, on a bien compris qu'on devrait mettre l'accent dans les actions de conseil qu'on a menées. Du point de vue de l'organisation des deux Forces de sécurité intérieure, la gendarmerie nationale et la police centrafricaine, on a travaillé àla rédaction des textes portant sur leur organisation avec le soutien du Conseil stratégique de la mission EUAM. Et nous pouvons aujourd'hui dire: voilà les propositions, les projets de textes qui sont à la fin de son approbation.


Les défis restent importants. Parmi ces défis, on peut noter aujourd'hui le fait que la police a un statut particulier. La gendarmerie n'en a pas. Cela crée une crise de confiance au sein même des structures auxquelles vous vous êtes engagé pour aider. Pensez-vous que ces défis seront surmontés?

Vous venez d'évoquer un thème vraiment intéressant et nécessaire. La question des statuts au sens de l'appropriation nationale est d'aider les autorités centrafricaines à travailler sur le chemin de produire un statut spécifique pour chacune des forces de sécurité intérieure. La gestion nécessaire à tout niveau : ressources humaines, logistiques, financières... Ce n'est pas un travail souvent apprécié parce que cela fait beaucoup penser. Les forces sécurité intérieure sont très attachées aux fonctions exécutives. Souvent, elles n'ont pas le temps ni la disponibilité nécessaires pour faire le travail du point de vue organisationnel. Et notre mission est aussi d'aider les autorités centrafricaines à se concentrer, à apporter un peu de leur temps aux fonctions de planification.


La mission EUAM est entrée en vigueur en 2019. Cette mission a traversé deux crises sécuritaires et sanitaires. Quel est l'impact de ces deux crises sur le résultat attendu de cette mission et sur vous-même en tant que chef de mission?

Nous sommes arrivés en pleine pandémie, du Covid-19. La mission a même été retardée dans son déploiement ici à Bangui, à cause de la pandémie qui est arrivée le mois de mars 2020. On a dû faire face à beaucoup de défis et cela, bien évidemment, a impacté le bon déroulement de la mise en œuvre de notre mission. Néanmoins, on a pu surmonter ces difficultés et du point de vue sanitaire. Du point de vue sécuritaire, bien évidemment, tout le monde a vécu ici en RCA cette énorme contrainte sécuritaire. On a dû faire une réduction de façon à garantir aussi la continuité de notre mission. Nous n'avons jamais abandonné la RCA.

Moi-même, je suis rentré à toute vitesse en RCA pour gérer sur place cette contrainte sécuritaire qui naturellement a impacté et continue à impacter le bon déroulement des activités de conseil au profit du développement des institutions. Il suffit que le pays soit dans une situation d'insécurité pour que les forces de défense et de sécurité, notamment la gendarmerie et la police, soient plus engagés dans les défis sécuritaires du point de vue de l'exécution, alors là, ça leur laisse moins de disponibilité pour s'occuper des questions organisationnelles, de planification, tandis qu'elles sont plus engagées sur l'opérationnel.


L'EUAM est une institution sœur de l'EUTM, mais en janvier, l'EUTM a suspendu son expertise de formation aux FACA, ce qui n'est pas le cas pour l'EUAM. Est-ce que vous comprenez la position de l'EUTM et de l'Union européenne aujourd'hui en Centrafrique?

Moi, je suis un gendarme. Vous le savez, je suis un officier de la gendarmerie, de la Garde nationale républicaine du Portugal. Je suis quelqu'un qui essaye d'apporter toutes les informations nécessaires pour améliorer la gestion de cette mission EUAM. De mon côté, pour la question de la mission-sœur EUTM, je trouve qui la mission fait un travail sérieux. Nous, la mission EUAM, on n'a jamais eu de contrainte du point de vue de l'exécution de notre mandat et c'est sur cela que je peux vous répondre.


Monsieur Paolo Soares, merci.